Oboy, éclaircie passagère ?

Le 6 novembre dernier Oboy sortait son single Cruel. L’occasion pour Hardies de revenir sur la carrière du rappeur.

Oboy, éclaircie passagère ?

 

Oboy est un jeune rappeur de 23 ans de Villeneuve Saint Georges qui s’est fait connaître dans le rap avec sa première mixtape Olyside en 2016, et surtout par le public avec sa deuxième mixtape Southside en 2018. Il signe ce dernier projet au sein du label Syndicate Records, qui l’accompagne également sur son album Omega en 2019 et son EP Mafana en 2020.

Ses deux premiers projets dévoilent un artiste en phase de recherche avec lui-même et de son style, n’hésitant pas à varier les prods, les mélodies, mélangeant les notes sombres avec des ambiances plus rythmées et plus colorées. 

 

Olyside : un premier EP cloud rap

En mars 2016, Oboy dévoile un premier mini-album de 7 sons, en publiant notamment le clip de Rollin Up sur Youtube. L’artiste fait une entrée fracassante dans le rap français en montrant sa forte inspiration pour le rap américain. Sur des prods profondes similaires aux instrus de Drake, Tyga ou Lil Bow Wow, le rappeur parle de drogue, d’alcool, d’argent et de femme ; thèmes qu’il privilégie tout au long de sa carrière. 

L’artiste est immédiatement associé au cloud rap avec des mélodies aériennes et un débit lent. Dès ses débuts, il utilise très justement l’autotune pour accentuer sa nonchalance naturelle, souvent associée au mumble rap, dans l’idée d’un texte marmonné ou non-articulé.

 

Oboy, éclaircie passagère ?

 

Southside : le temps de l’expérimentation

Après quelques années d’absence, Oboy revient en 2018 avec son EP Southside dans lequel il expérimente différents rythmes et genres de rap. Il s’affirme dans le cloud rap et le mumble rap en dévoilant des prods parfois mélancoliques parfois plus dansantes, en s’inspirant de la trap. Son influence américaine reste très forte, et il ne s’en cache pas : il affirme que le refrain de Cobra a très fortement été inspiré du single Humble de Kendrick Lamar. 

Sa communauté s’est fortement développée grâce à cet EP. Elle le désigne comme le porte-parole du mumble rap et cela, malgré lui. Par ses textes sombres et son flow nonchalant, le rappeur semble être en rupture avec un rap français porté sur l’écriture. Même s’il ne se prononce pas là-dessus. Au contraire, plutôt mystérieux et peu bavard, il ne s’attribue pas de genre et parle peu de sa musique : c’est sa musique qui parle pour lui (et elle le fait très bien !). Oboy se défend de ne pas réellement chercher à faire du mumble rap. Il s’agirait plutôt de son flow et de sa façon de “ressentir la prod ».

 

Omega : un premier album aux différentes couleurs

C’est en 2019 que Oboy sort son premier et unique (pour le moment) album : Omega. Le projet semble plus travaillé que les précédents, avec une certaine homogénéité entre les prods et ses textes. Pourtant, c’est aussi un album dans lequel il continue d’expérimenter en prenant des risques artistiques. Il alterne les morceaux mélodieux, mélancoliques et sombres.
Il affirme les prises de position amenées dans Southside tout en dévoilant une certaine ouverture musicale. Le rappeur s’essaie aux prods plus mélodieuses, notamment dans R10.

Omega est aussi l’occasion pour Oboy de dévoiler un feat assez étonnant dans le casting : Aya Nakamura et Dopebwoy le rappeur néerlandais. Et ça marche ! Ce featuring sort Oboy de sa zone de confort, qui rappe sur une prod dansante avec des basses bien marquées.
Même si les textes restent dans sa lignée, l’artiste se dévoile, montrant un égo trip qui reste malgré tout très léger. Il se détache également doucement de la vibe américaine en affirmant la vibe Oboy : un mélange de cloud rap, de mumble rap et de trap ?

 

Oboy, éclaircie passagère ?

 

Mafana : une dose de fraîcheur

Un an plus tard, l’artiste sort son EP Mafana. Il explique lors d’une interview dans le Mouv’ Rap Club que les titres étaient initialement prévus pour son prochain album, mais que les sons étaient plutôt en phase avec l’été. Le titre de son EP suit cette logique : Mafana se traduisant par « chaud » en malgache. 

Contrairement à ses projets précédents, ce dernier est plus rafraîchissant, éloigné du côté sombre que peut caractériser l’artiste.
Oboy accentue les recherches déjà engagées sur son premier album. Mais là où cette ouverture était exceptionnelle dans Omega, elle devient la ligne artistique de son EP Mafana.
Même s’il continue d’affirmer une certaine nonchalance dans son ton et sa voix, les prods sont plus rythmées et entraînantes, avec des percussions aux sonorités africaines et latinos (style Burna Boy), notamment dans Cabeza, le hit de l’EP. On découvre un Oboy presque dansant, avec des paroles plus légères où il partage de bonnes vibrations. 7 titres donc, pour s’ambiancer sur la plage sans se prendre la tête.
Le rappeur clôture tout de même son EP avec Lunettes noires, un son qui résonne plutôt avec ses autres projets, et qui expérimente le drill par un contenu plus sombre et un rythme saccadé style trap. 

 

Cruel : single ou première track de son prochain album ?

Au début du mois, Oboy balançait sur les plateformes de streaming Cruel, un single avec une prod rythmée par des basses profondes qui fait écho à Lunettes Noires, le dernier son de son EP Mafana. Le rappeur est sur la vague de la drill, qui s’associe parfaitement au mumble rap qu’il continue d’expérimenter. L’occasion pour lui d’affirmer l’influence du rap américain au cœur même de ses paroles “un flow tah l’Amérique”.
Le soir même, il sort un clip signé Alain et Lucas. C’est le deuxième, avec celui de Cabeza, qui n’est pas réalisé par le réalisateur Vladimir Boudnikoff. Malgré tout, les artworks restent sombres et froids, dans la continuité de son identité visuelle. Celle-ci est essentielle pour l’artiste : les clips doivent correspondre à sa musique, et c’est réussi !
Oboy annonçait dans une interview la sortie d’un nouvel album à la fin de l’année. Alors Cruel, single ou première track de son deuxième album ?

En bref, Oboy est un jeune rappeur prometteur, avec déjà un beau bagage à son actif. L’artiste explore en profondeur les possibilités du rap tout en affirmant son style : un rappeur à suivre de très près et à streamer en masse !