Lewsberg, un calme minimaliste

Une fois n’est pas coutume, mais Hardies fait une escale à Rotterdam pour se pencher sur le dernier opus du groupe Lewsberg intitulé In Your Hands. Le groupe, mené par Arie van Vliet, leader à la fois chanteur et guitariste, entourhé de Shalita Dietrich et Michiel Klein, n’en est pas à son premier coup d’essai mais c’est dans ce troisième et dernier album que le trio pousse le minimalisme à son paroxysme.

Qu’on se le dise d’emblée, The Velvet Underground est une inspiration indéniable du groupe. Les guitares rondes et lancinantes accompagnées de boucles de batteries et les tambourins on ne peut plus seventies ne trompent personne. Heureusement, quelques détails viennent contredire le malandrin qui viendrait taxer Lewsberg de pâle copie du groupe de Lou Reed et ses amis. Ces détails résident dans certaines mélodies jouées au violon pour bercer le tout, dans le phrasé mécanique à la cadence enlevée du chanteur et quand on daigne tendre l’oreille, dans les paroles toutes plus nihilistes et mélancoliques les unes que les autres.

 

Lewsberg

Ce phrasé, justement parlons-en, serait-il symptomatique d’une époque qui ne veut plus chanter ou qui a besoin de parler pour s’adresser directement à toi, oui toi ? Les paroles reviennent sur le devant de la scène à l’instar de Dry Cleaning en tête avec cette chanteuse qui chuchote tout en chantant ou encore de The Cool Greenhouse dans une version plus tonique.

Ce « mini-album » comme le groupe aime le souligner — de quelques vingtaines de minutes au bas mot — est composé de « mini-chansons » toutes gravitant autour de la minute trente. La simplicité leur sied, ils usent de la bonne vieille méthode des trois accords, pas besoin de plus pour faire des chansons chiadées nous prouvent-ils. Lewsberg sonne un peu « comme » mais « pas tout fait ». Les vieilles formules, réactualisées ici avec brio, prouvent que les choses les plus simples n’ont pas été déjà toutes vues et revues.

Chaque chanson dévoile une instru proche de la ritournelle et vient bercer la voix magnétique au possible d’Arie van Vliet. Les paroles poussent à la contemplation et font même sonner certaines chansons comme des fables d’une autre époque. L’auditeur se laisse faire, il est tranquillement hypnotisé, plongeant dans les réminiscences d’une époque lointaine, et c’est pour son plus grand plaisir.