Kurt Vile, fidèle à lui-même

Deux ans, deux ans que Kurt Vile n’avait pas sorti de nouveauté depuis son huitième et dernier album Bottle It In sorti en 2018. Mais, surprise, en octobre dernier le natif de Philadelphie nous revenait avec Speed, Sound, Lonely KV un EP de 5 chansons. Après une première sortie numérique, la version physique sur un superbe vinyle rosé vient d’être annoncée. 

 

Kurt Vile, fidèle à lui-même

 

Kurt Vile est la figure de proue du renouveau de la folk américaine. Après s’être largement fait connaître avec l’entêtant Pretty Pimpin en 2015, il n’a pas cessé de composer des ballades toutes plus bluesy les unes que les autres. C’est sans surprise – ou presque – que son nouvel EP se place sous le signe d’une folk mélancolique, portée par la voix légèrement éraillée de l’américain. 

Parmi les cinq titres, des compositions personnelles, tels l’apaisant Dandelions ou encore le plus rythmé Pearls. Deux chansons aux paroles simples sans pour autant être simplistes, au rythme enlevé, touchantes et légères. Un équilibre que Kurt Vile atteint sans artifice pour s’inscrire dans la lignée de ses inspirations de toujours qu’il n’hésite pas à évoquer, que ce soit les Rolling Stones des débuts ou encore Neil Young. Il prouve que ce sont encore dans les vieux pots que l’on fait les meilleures confitures.

 

 

Mais, il faut bien un mais, ce n’est pas dans les ballades susmentionnées que culmine l’émotion. En effet, le plus fin connaisseur aura remarqué le duo avec John Prine sur How Lucky au cœur de l’EP. Quasi-inconnu de notre côté de l’Atlantique, il est de ceux qui ont marqué la musique folklorique américaine. Sur cette reprise de John Prine lui-même, la voix chaleureuse et fragile du vieux cow-boy est en osmose avec celle de Kurt Vile au point de n’en former qu’une. Composée et enregistrée quelques mois seulement avant la mort de la légende de la folk, cette ballade prend des allures de passage de relais, comme un moyen d’adouber la nouvelle génération de la manière la plus personnelle et émouvante qui soit. 

Enfin, il serait dommage de passer sous silence les deux autres reprises Gone Girl de Jack Clement et Speed of the Sound of Loneliness de John Prine qui vient ouvrir l’EP. Bien qu’étant des reprises, elles restent des ballades à travers lesquelles Kurt Vile appose son style tout en douceur. 

Cet EP ne sera pas forcément de ceux qui resteront dans les annales (qui sait), mais il résonne comme un secret, un manifeste personnel à travers lequel il est émouvant d’entendre la relève partager quelques notes avec un de ses mentors. Kurt Vile modernise en douceur la folk et remet la country au goût du jour, sans adopter une posture de poseur faussement sorti des années 70. Calme, loin du star system, il est de ceux que l’on aime sans modération et qui ne se vexe pas si on l’oublie un temps, pour toujours mieux y revenir.

PS : Une version deluxe du dernier EP de ce cher Kurt a échappé aux mailles du filet Hardies… Ces quelques chansons qui n’auront pas été passées en revue sont libres d’être interprétées, découvertes, appréciées par vos soins.