Kevin Heartbeats : Interview

Après un double single sorti en 2020, Kevin Heartbeats a récemment sorti le titre Soothed.
Depuis son plus jeune âge, l’artiste est fasciné par le son et la façon dont il est produit. Il a d’abord fait sa marque avec la musique indie rock et son premier groupe WRNV.
Sa musique aime rester sur le fil, cherchant un équilibre entre des mélodies de musique populaire et des sons expérimentaux.

Avec Soothed, Kevin Heartbeats montre que la musique « bedroom-pop » a encore un bel avenir.
On a saisi l’opportunité pour discuter avec lui musique, projets, influences…

 

Kevin Heartbeats : Interview
© Eudes Lemare

 

Est-ce-que tu peux me raconter brièvement ton histoire pour débuter ?

Hello ! Je viens d’Eaubonne, une petite ville charmante entre street et forêt dans le val d’Oise. J’y ai grandi jusqu’à mes 20 ans. Après j’ai bougé à Strasbourg pour mes études. J’ai fait un diplôme d’ingénieur en électronique parce que… j’étais un peu poussé par la famille. Je voulais aussi faire quelque chose lié un peu à la musique, et quand j’ai capté que le son était un signal et qu’on pouvait le modifier avec des composants j’ai été plutôt fasciné. Donc j’ai eu ce diplôme il y a deux ans, mais j’ai fait une école de musique juste derrière en guise d’année semi sabbatique parce que j’avais peur du monde du travail. Puis au final vu que j’en ai toujours peur et que je ne veux pas bosser pour des grosses boites corporate j’ai décidé de faire complètement de la musique et des petits boulots à côté.

 

Comment et quand tu as commencé à faire de la musique ? 

Je crois que c’est le moment d’assumer que c’est Tokyo Hôtel qui m’a donné envie de faire de la guitare … Mais pour raconter ça, un peu plus comme une story de rockstar : dès 8 ans j’étais attiré par la musique, j’avais demandé à mes parents si je pouvais faire de la batterie, mais ma mère n’était pas trop ok avec ça. Donc j’ai réessayé à 11 ans mais avec la guitare, ma mère était un peu plus d’accord puis j’ai eu une place au conservatoire donc c’était parti.

En arrivant en 6ème j’ai rencontré le producteur Schumi1 (Ludovic Capillon), qui m’a bien fait comprendre que Tokyo Hôtel c’était pas si dingue et qu’il y avait mieux. Un an plus tard il s’était mis à la guitare et on lançait notre page MySpace ! Puis après avec des batteurs et des bassistes on a eu des groupes. Mais c’est surtout aux années lycées qu’on a commencé à prendre ça au sérieux, on avait un groupe d’indie rock avec Schumi et Guillaume Gallato (A Bogota, Mackenzie Leighton…). On a enregistré un EP qu’on a sorti vers nos 19 ans. On commençait à faire pas mal de concerts, mais on arrivait trop tard pour faire de l’indie rock, et puis j’étais en Erasmus en Irlande, les choses se sont justes arrêtées et c’est là qu’on a tous commencé nos projets personnels. C’est donc en Irlande que j’ai commencé Kevin Heartbeats en semi solo car je bossais toujours avec Schumi.

 

Comment est-ce-que tu définirais ta musique ? 

C’est vraiment dur ça comme question, mais je sais qu’il y a des délires de Lofi, de pop, de hiphop etc (je ne suis vraiment pas bon en nomenclature de styles de musiques). Mais j’aime aussi beaucoup la musique expérimentale, trouver des façons rigolotes de faire du son, donc j’essaie de faire ça, en gardant le style un peu pop, et si ça fait ressentir des choses aux gens c’est top ! Ma coloc m’a dit que je faisais de la “trash mélancolie” et j’aime bien cette définition !

 

 Pourquoi « Heartbeats » ? 

J’ai reçu un message de mon pote Kevin Keight, et j’ai changé d’onglet pour basculer sur iTunes où j’écoutais une ancienne prod de Schumi qui s’appelait “Heartbeats”, et là j’ai fait “Bingo je vais m’appeler Kevin Heartbeats”, il y a un délire personnage télé-réalité NRJ12 que j’aime beaucoup. Mais en somme, c’est mes amis qui m’ont fait.

 

Qu’est-ce-que signifie tes morceaux pour toi ? 

C’est vraiment super dur comme question ! En vrai, je les aime tous, certains plus que d’autres, étant donné que j’écris beaucoup sur des choses personnelles (en amplifiant et en exagérant la réalité pour un peu romancer le truc et faire le buzz), certains morceaux me replongent dans le mood dans lequel j’étais quand je les ai écrites, c’est un bon post it à sensations.

 

Comment et où est-ce-que tu crées ?

Alors vraiment jusqu’à maintenant tout s’est fait quasiment dans ma chambre, que ce soit en Irlande, dans le Val D’oise, à Strasbourg etc… Après on re-travaille souvent ça chez Schumi, on fait des prises de voix chez lui, des arrangements et tout ça. Mais la plupart du temps c’est vraiment dans ma chambre que je compose. Quoi que maintenant que j’ai un peu plus d’accès à des studios je compose un peu en studio, mais c’est surtout pour des collaborations pour l’instant.

 

 

Tu préfères écrire le jour ou la nuit ? 

En réalité ça varie, ça dépend de mon rythme de vie (rires). Puis forcément l’hiver il fait nuit 16 heures par jour donc je vais plus écrire la nuit. Après pour écrire, ça vient quand ça vient, parfois ce sont des pensées que j’ai eu la journée et que j’arrive à digérer que la nuit, parfois je suis inspiré de bon matin. Mais globalement je pense que je préfère quand même la nuit.

 

Comment et où as-tu créé ton nouveau single ?

J’ai composé et produit le titre dans ma chambre en février 2020 alors que j’avais une petite peine de cœur. Ensuite j’étais confiné chez Schumi (confinement 1, le vrai) et c’est là qu’on l’a enregistré, qu’il l’a mixé, ajouté des arrangements etc …

 

 La musique pop t’a toujours inspiré ?

En réalité je n’ai jamais vraiment consommé de la pop comme Mickael Jackson, Madonna…
C’était toujours des dérivés de la pop, par exemple la pop punk blink 182  et sum 41 quand j’étais un jeune ado, puis de la bedroom pop quand j’étais un jeune adulte. Récemment j’ai écouté pas mal d’hyper pop (PC music etc). Après parfois un petit MJ c’est sympa.

 

Qu’est-ce-qu’il te plait le plus dans la musique ?

Ressentir des trucs, tout seul ou avec des gens. Je me rends compte que je kiffe la musique contemplative, en opposition à la musique sociale que tu écoutes avec tes amis dans un but d’amusement. La musique contemplative tu l’écoutes seul en marchant ou en prenant le train et tu as l’impression que ta vie c’est un clip (rires).

 

As-tu eu des influences pour ta musique ? En as-tu toujours ? Si oui, lesquelles ? 

Ah ouais franchement je fais que me nourrir de choses en essayant de copier la recette. Déjà je me suis rendu compte qu’on s’auto-influence avec mes ami.e.s avec qui j’ai grandi musicalement. Puis après dès que je saigne un artiste, je vais forcément (parfois consciemment, ou inconsciemment) produire quelque chose de similaire dès que je prends ma guitare ou mon ordi. Par exemple, je pense que ça doit se sentir que j’aime bien King Krule, Corbin, Homeshake, Seekae, Mount Kimbie, Brockhampton…

 

Quels sont les arts majeurs qui t’influencent pour la musique ?  

Je ne consomme pas beaucoup de ciné, je suis assez inculte, pareil pour l’art en général, j’y suis sensible mais je ne suis pas le arty boy qui fait des expos tous les week-ends. Je passe pas mal de temps sur internet, et j’ai remarqué que le ton et le cynisme des memes m’inspirent un peu au final. J’ai un peu envie de faire des blagues parfois, parce que si je fais des musiques tristes au premier degré c’est un peu l’enfer.

 

Kevin Heartbeats : Interview
© Jean-Philippe Aline

 

As-tu déjà eu des projets musicaux par le passé ?

Alors oui j’avais mon groupe WRNV à l’époque, puis après j’ai joué un peu en live pour Jäde, et là je vais accompagner Mackenzie Leighton à la basse sur scène !

 

 Tu as déjà pris des cours de chant ? Tu as déjà pris des cours de musique, lesquels ?

J’ai commencé par 2 ans de conservatoire à 11 ans, puis j’ai arrêté parce que je voulais faire du rock et pas de la guitare classique. J’ai commencé à chanter vers 15 ans, j’ai pris une dizaine de cours de chant vers 17 ans pour avoir des outils d’auto-apprentissage pour essayer de mieux maitriser ma voix. Au final j’ai un peu arrêté de me concentrer sur la maitrise de ma voix. Finalement j’ai pris des coups de MAO en école de musique pendant l’année 2019-2020, ça m’a fait pas mal progresser ça.

 

Pourquoi tu as choisi l’anglais pour tes chansons ?

J’écoutais quasiment des musiques chantées en anglais quand j’étais ado, et du coup ce qui est sorti naturellement c’est de l’anglais, je ne me voyais pas faire autre chose, parce que pas assez de références dans un premier temps, mais aussi j’étais un peu « cringé » par le français. Aussi c’est vachement dur quand t’as 15 ans d’assumer tes paroles dans une langue que tout le monde comprend (ta famille, tes amis, les gens à la fête de la musique de ta ville …) donc ça m’arrangeait bien de chanter anglais (rires).

 

Aimerais-tu jouer à l’étranger ?  

J’attends que ça, mais pas trop loin, j’ai peur en avion (rires).

 

As-tu des projets futurs ? 

J’ai pas mal composé de musiques, donc pour Kevin Heartbeats, je pense qu’un EP ça me semble pas mal. Pour la suite on verra. Je veux beaucoup bosser mon live, et jouer pour d’autres. J’aime beaucoup composer avec d’autres artistes, et je suis entouré de pleines de personnes talentueuses. A suivre !

 

 Tu aimerais collaborer avec d’autres artistes ? 

Oups j’ai un peu répondu avant, mais oui carrément, que ce soit en prod, compo, chant … whatever ! Jetez-vous dans mes DM !

 

Aimes-tu jouer seul ? Aimerais-tu monter un groupe ?

Seul c’est cool, mais c’est mieux d’avoir ses copains avec soi sur scène quand même !

 

Quels sont tes artistes du moment ? 

En ce moment j’écoute beaucoup OTTO, c’est un gars qui est signé sur le label de Vegyn (que j’écoute beaucoup aussi), sa musique a un côté enfantin c’est hyper marrant ! J’ai aussi énormément écouté le dernier album de mk.gee en marchant dans la rue ou dans le bus ! Sinon Danger Incorporated, Yves Tumor, Moutarde et Miel, Quinze Quinze, puis mes amis lowhp, A bogota, Oscar Emch, Jim Casanova …