Le bébé caché des Rita Mitsouko s’appelle Lulu Van Trapp, et elle veut sauver son monde

Max et Rebecca se connaissent et se reconnaissent depuis maintenant des années : ils sont le dragon à deux têtes qui formait auparavant le groupe La Mouche pour laisser place à la fantasmagorique Lulu Van Trapp, désormais rejoint par Nico et Manu.

 

Le bébé caché des Rita Mitsouko s’appelle Lulu Van Trapp, et elle veut sauver son monde
© Fiona Torre

 

Lulu est une muse, une héroïne chimérique sensuelle et taquine qui aurait pris forme humaine aux allures de pin-up pour débaucher son prochain. Parce qu’à travers cette débauche, Lulu cherche juste à s’émanciper, s’affranchir des codes et réinventer la pop comme l’aurait fait les Rita Mitsouko avant eux, en y apportant une touche théâtrale bien assumée. 

I’m Not Here to Save the World c’est l’histoire d’un debut album qui aurait dû voir le jour à l’été de l’année passée, pour finalement éclore au printemps 2021, presque un an après sa conception. L’album, sorti le 23 avril dernier, se compose de dix pièces totalement différentes les unes des autres, à l’image de la voix de Rebecca, qui en a exploré ici toutes les tessitures.

 

Le bébé caché des Rita Mitsouko s’appelle Lulu Van Trapp, et elle veut sauver son monde
© Anastasia Matouskoff

 

Lulu se métamorphose encore et encore jusqu’à se mettre à poil, tant avec The Echo (sans aucun doute la composition la plus personnelle et touchante de l’album) qu’au sens littéral lorsque la scène devient l’exorciseur du groupe, toujours dans une perpétuelle quête de lâcher prise. 

Ce lâcher prise prend tout son sens dès l’ouverture de cet album avec Brazil, folle messe rock aux envolées lyriques détonantes qui vient donner la vie à cette femme-louve déchaînée, comme prêtresse de la rue et maîtresse des ombres, traduit en images avec brio par Lucie Bourdeu.

 

 

Mais derrière ce cri de spontanéité se cache pourtant là une maîtrise de leur image « parfaitement millimétrée » me confiait Rebecca (chant). Un perfectionnisme qui s’ancre également dans ce choix de jouer avec les 1001 codes de la pop afin de donner naissance à des chansons qui ne ressembleront jamais à la précédente. En note de cœur, une texture kitsch synth-pop qui s’harmonise élégamment avec un glam rock burlesque à la Bowie.

Lulu a le goût du travail bien fait et des mélodies entêtantes à l’instar de la flamboyante et non-moins planante Spritz Codeine, célébration de l’ailleurs et ode à mes deux antidouleurs préférés.

 

Le bébé caché des Rita Mitsouko s’appelle Lulu Van Trapp, et elle veut sauver son monde
© Anastasia Matouskoff

 

Si Lulu n’est pas là pour sauver le monde, force est de constater qu’elle sauve son monde. Amour transi, émancipation, barbecue, bal de promo et propulsion dans l’espace : autant d’ingrédients secrets qui, réunis, constituent la potion magique de Lulu, son super-pouvoir contre une morosité ambiante, et nous, on en redemande.