Marika Hackman, désordre et candeur

Pour ce premier article, je souhaitais vous présenter une belle découverte musicale, faite il y a deux ans : Marika Hakman. Afin que vous vous fassiez une idée de l’artiste, je vais dresser son portrait de manière assez générale.

 

Marika Hackman, désordre et candeur
Marika Hakman à la guitare – © Rob Ball

 

Marika Hackman, c’est une jeune anglaise de 23 ans, qui, si l’on doit la catégoriser, fait de la musique folk. Mais en fait ça va bien plus loin que cela.

Je suis tombée sur sa musique un peu par hasard ; il s’agissait d’une version acoustique d’un morceau datant de quelques années, Itchy teeth, sorti sur l’EP ‘Sugar Blind‘.


J’avais été profondément bouleversée par cette voix si pure, à la fois douce et forte. Cela m’avait poussé à écouter les morceaux sortis sur son dernier EP ‘That Iron taste’.
Au début, j’aimais particulièrement Bath Is Black, dont le rythme et les guitares me rappelaient Alt J.

C’est d’ailleurs, Charlie Andrew, producteur d’Alt J, qui produisit Marika Hackman pour son premier album, sorti en février dernier.
Il se compose de 12 morceaux, aussi beaux les uns les autres, tous accompagnés d’une photographie (réalisées par le photographe Glen Erler).

L’ensemble forme une continuité, nous faisant découvrir le monde assez sombre, parfois sale, et tourmenté de l’artiste, avant que celle-ci ne s’endorme. Car comme l’indique le titre de l’album, ‘We Slept At Last’, c’est bien de cela qu’il s’agit : l’assoupissement est le seul moyen de mettre fin à cette torture, et la soulager.

 

Marika Hackman, désordre et candeur
Marika Hakman – © Aysia Marotta

 

Si certains l’avaient d’abord rangée dans une petite case folk mignonne, ils ont aujourd’hui plus tendance à décrire l’univers de Marika comme « trop noir » ou « déprimant ».
Marika Hackman n’est ni l’un, ni l’autre, même si ces deux éléments font partie intégrante de son travail. En fait, disons plutôt que son univers est complet, mais aussi plus complexe qu’il n’y parait au premier abord ; les sonorités sont folks, mais on retrouve des vibrations électroniques, par exemple (notamment dans Animal Fear), et il n’y a finalement que cette voix qui reste la même du début à la fin. Et si son univers un peu « dark » casse son image de petite fille, il vient appuyer d’une jolie façon cet ensemble.

Il faudrait aussi s’arrêter un instant sur cette voix, qui est douce, parfaitement naturelle et d’une telle finesse. Il est assez impressionnant de comparer la version studio de l’album, et les versions acoustiques. Il est aussi impressionnant  de la regarder : ses lèvres remuent à peine lorsqu’elle chante très haut ou très bas. On peut le voir par exemple sur cette vidéo, son visage reste neutre et impassible, face à Sivu qui gesticule tant bien que mal.

Il y aurait beaucoup à dire sur le travail de Marika Hackman, que ce soit au niveau de ses performances musicales (virtuose sur guitare folk, elle joue aussi basse, guitare électrique, piano, synthé, batterie, flûte, accordéon … Au final, elle est sur quasiment tous les instruments enregistrés de l’album), sa voix d’une pureté assez extraordinaire, ses clips (il n’y a qu’à voir celui de Drown ou Ophelia, qui sont quand même esthétiquement très beaux), et ses textes, très poétiques.
Dans les interviews, elle les décrit comme  « abstraits », insistant sur le fait qu’il lui faut un long processus mental et créatif pour mener à leur aboutissement.
Les chansons de l’album, écrites en seulement quelques mois, nous laissent imaginer une période éprouvante pour l’artiste.

Pour ‘We Slept at last’ Marika a aussi enregistré une série de commentaires, qui racontent l’histoire de chaque morceau. Cette version est disponible sur Spotify​.
Elle y a également publié une playlist, qui rend compte de ses influences musicales.

 

Marika Hackman, désordre et candeur