Le trip bizarre de J.R.C.G.

Difficile de parler d’un album comme le 1er album solo de Justin R. Cruz Gallego, alias J.R.C.G, ancien membre des punkeux garage de Dreamdecay. Difficile pour plusieurs raisons, la plus évidente étant la complexité (certains diront richesse) du projet. Avec « Ajo Sunshine » sorti le 19 novembre, J.R.C.G s’amuse avec notre cerveau, nos oreilles, pour nous proposer un mélange d’ambiances et de sons qui au début ne semblent pas évidents, mais qui, au final, avec un peu de recul, est plutôt cohérent. Cet album n’est pas un énième projet chelou d’un artiste plus ou moins aguerri, mais un album rudement bien mené.

Alors comment décrire cet album ? Si on demande une réponse simple, on peut parler de noise-krautrock-musique de film d’horreur des années 80-foutraque. Mais c’est pas joli. Pour une réponse un poil plus élaborée, on peut dire que le fameux J.R.C.G sait rendre hommage aux artistes qu’il affectionne. Le plus évident est son rapport à toute la sphère du label Castleface. Cette nouvelle scène de groupes presque tous portés sur le punk et le krautrock, est influencée par le patron du label, l’hyperactif John Dwyer, qui prête sa guitare dans l’album sur le morceau Lowrider

 

 

Comme autre influence, l’album fait drôlement penser aux œuvres tardives du légendaire John Carpenter. Par moments, comme dans le morceau d’ouverture I.L.W.T.W., (allez savoir ce que ça veut dire) les cuivres assourdissant vous accueillent dans un vacarme inquiétant, comme dans un film d’horreur des années 80. Donc comme dans un film de Carpenter, qui faisait aussi la musique de (presque) tout ses films.

Et puis il faut dire qu’en plus de se faufiler avec brio dans ce moule krautrock noise des années 2020 (ça ressemble beaucoup beaucoup à Trees Speak par moment), l’aspect le plus intéressant est peut être l’ensemble des textures sonores apportées aux claviers et autres enregistrements. Sachant que les parties chantées sont inintelligibles et difficilement compréhensibles, les claviers sont mixés de manière à couvrir presque tout le reste, mis a part les batteries (mention très très bien niveau batteries). Ce sont eux qui apportent cette ambiance de joyeux bordel, pas vraiment contrôlé et parfois inquiétant, et qui font le lien entre les cuivres et les autres éléments.

 

J.R.C.G.

 

Donc pour essayer de résumer, le premier album solo de Justin R. Cruz Gallego (j’adore ce nom) fait penser beaucoup de choses, mais l’impression qui subsiste après l’écoute de l’album est celle d’avoir écouté la bande son d’un film expérimental avec des aliens qui prennent de l’acide dans le New-York des années 80, mais avec des voitures volantes. Et c’est très très réussi. J’espère que c’est clair.