Sortie de ‘Mechanical’, premier album de Speedrax

Nous avions précédemment interviewé Speedrax qui nous avait annoncé travailler sur un premier album.  Aujourd’hui, ‘Mechanical’ est sorti. Pour l’occasion Edouard est revenu sur son processus créatif et l’histoire que raconte cet album.

 

Sortie de 'Mechanical', premier album de Speedrax
Artwork de l’album ‘Mechanical’ de Speedrax

 

Depuis quand écris-tu cet album ?

Depuis que je suis né… Non en réalité, cet album est né il y’a deux ans avec Love Apocalypse, c’était déjà le premier épisode d’une histoire que j’avais envie de raconter.

 

Que raconte cette histoire ?

Il s’agit en fait plus d’une ambiance que d’une histoire. Mais s’il fallait en donner une, dans les grandes lignes ce serait la suivante :
Un homme ( un homme ? ) se réveille et ressent le besoin de partir.
Il ne sait pas grand chose de lui même à part son prénom et encore il n’est pas vraiment sûr de s’appeler Ennio …
Il sait qu’il doit trouver un moyen de quitter l’endroit ou il se trouve, et que son destin l’attend ailleurs ; vers les étoiles ?
Prenant conscience de l’importance du véhicule qu’il choisira il cherche et court partout pour trouver son Landspeeder, comme dans les vieux films de Science Fiction … Mais arrivera t-il a rejoindre ce Venus Grand Hotel dont il a tant rêvé, sera t’il capable de passer le message à ses proches depuis les étoiles, de trouver le secret de la vie éternelle et retrouver peut être enfin le chemin du retour ? Ou se perdra t’il derrière une étoile variable dans la ceinture d’Orion ? …

 

Venus Grand Hotel c’est un nom qui me fait beaucoup penser à The Grand Budapest Hotel [NDLR : Wes Anderson], est-ce que c’est un film qui a pu t’inspirer, notamment dans ta conception de cet hôtel ?

Evidemment. Comme je te le disais lors de notre interview, cela fait depuis quelque temps que j’adore les hôtels, j’aime l’espace. Hop,  la chanson est née. Je voyais donc un grand hôtel, comme un palace, mais en orbite autour de Venus.
Ce qui m’attire dans les hôtels, en tout cas dans les bons hôtels, c’est l’accueil ; quand tu es tellement bien accueilli que tu arrives à t’y sentir chez toi. C’est merveilleux, et un exemple que l’humanité peut avoir gardé une de ses valeurs les plus anciennes : l’hospitalité, et le partage.

 

À l’inverse je vois plutôt ça comme un moyen de se déconnecter un peu de la réalité, un échappatoire.

Ce n’est pas l’inverse, c’est juste, puisque malheureusement le reste de l’humanité ne t’accueille pas vraiment les bras ouverts le reste du temps … Et on le voit bien, l’égoïsme règne.

 

Pourquoi avoir décidé de changer le nom de l’album ? [NDLR : Speedrax avait d’abord pensé à ‘Mechanical Religion’] 

Ça faisait depuis un moment que j’hésitais à changer le nom. J’ai juste choisi de cacher le mot « religion » derrière l’image. C’est un mot que je n’ai plus en odeur de sainteté suite à des réflexions personnelles. La religion dans son application actuelle me rebute un peu.
‘Mechanical’ est un mot très fort, et qui peut avoir plusieurs sens. Je préfère que les gens choisissent leur idée de départ et adaptent l’histoire qu’ils entendent à leur humeur.
En simplifiant, on élargit de surcroît la notion «  mécanique », de routine, de la spiritualité automatique du personnage, mais aussi à toute son existence, ou l’existence de manière générale, qui relève finalement d’un acte programmé, utile, sans réelle valeur.

 

J’ai vu que tu avais retravaillé certains morceaux comme Love Apocalypse, Forever Young ? Pourquoi ce choix, et pourquoi avoir voulu les ajouter à l’album ?

Je ne les ai pas ajoutés ; comme je le disais ils en faisaient partie dès le départ.
J’ai choisi de les réarranger partiellement (Love Apocalypse, Forever Young) ou intégralement (Way Back Home) pour rendre l’ensemble cohérent, car avec le temps on évolue et le son aussi. Pour faire simple, ils servent le propos. D’autres morceaux n’ont pas encore trouvé leur place dans ce projet à ce stade, mais trouveront peut être leur utilité au sein d’une extension de cet album, qui arrivera dans la foulée.

 

Sur Dream of electric sheeps, c’est ta voix qu’on entend dans la dernière partie, en écho ?

Non, c’est Camille, ma choriste. Elle a aussi fait les chœurs sur la première version de Way Back Home.
Cette musique fait référence à Do Androids dream of electric Sheeps  roman de Phillip K.Dick, adapté au cinéma par Ridley Scot sous le titre de Blade Runner. C’est pour l’un des meilleurs romans de science fiction, tout comme le film est le meilleur de science fiction. J’aime aussi beaucoup la musique de Vengais [NDLR : compositeur de la bande originale].

 

Et pour Eyes Lies, comment as-tu choisi la voix de Casian Pool ? Avais-tu toujours envisagé le morceau avec cette voix féminine ?

Pas du tout. Ce morceau était dans une sorte de cul de sac, et comme je connaissais Loren et Jérémy [NDLR : Casian Poll], je leur ai demandé. La collaboration a été fructueuse. J’adore la vois de Loren, et avec Jérémy nous possédons les mêmes genres de synthés. Nous avons aussi cette passion commune pour le vintage. Une logique somme toute cosmique.

 

Je me souviens que tu m’avais dit auparavant vouloir composer comme une « BO qui ne sortirait jamais ». Ca a été ta démarche au final sur cet album ?

Bien sûr. Et c’est justement ce que constitue cette fameuse extension. Je travaille à composer l’image de cette bande son qui sortira probablement de manière épisodique, jusqu’à constituer un long métrage. Ce sera dans tous les cas un objet visuel que l’on pourra apprécier, comme l’album, par morceaux, raisonnablement, ou en entier, passionnément.  Ce visuel est déjà fini dans ma tête et on commence ce mois-ci.

 

Quelle a été ta manière de travailler?

Vivre d’abord, comme expliqué la dernière fois. Prendre l’inspiration dans ma vie de tous les jours, dans mes questions, mes peurs, mes expériences…
Et puis au moment de coucher les idées sur du papier – numérique – j’ai composé les chansons d’abord comme des thèmes, des mélodies simples, souvent avec un titre, une image, qui leur donnaient dès le départ un sens.
Finalement, la plupart de ces morceaux sont des chansons qui peuvent s’interpréter avec un arrangement très simple, à la guitare ou au piano seul par exemple, mais elles prennent leur véritable force grâce a l’arrangement. En cela, la recherche sonore, le modelage permis par mes synthétiseurs analogique, ainsi que le caractère mécanique et néanmoins aléatoire de ceux ci, sont primordiaux pour transcrire l’émotion que je ressens au moment de l’écriture.
Très prosaïquement les moments de travail sont peu organisés, ponctuels, souvent accidentels. Entre deux autres activités, longues ou courts, ils donnent parfois un résultat, parfois simplement une perte de temps à jouer ou bidouiller de ci une guitare de là un synthé, voir simplement à tambouriner bêtement …