Pépite : Interview

Pépite est une aventure à deux, une rencontre en 2009 entre Edouard et Thomas au détour d’une plage.
Leur musique est aussi une rencontre, une collision entre la chanson française, l’Amérique et la Jamaïque.
Thomas chante, et écrit, le plus souvent, « à partir de souvenirs imprécis ». Édouard y apporte les choeurs, sa passion des nouveaux sons, des couleurs flottantes, des allusions à double fond, des envols lentement prémédités…

Un album et deux EPs plus tard, Pépite nous dévoile Mirage, une ode à l’hypnotique et une invitation au lâcher prise aux allures d’un LCD Soundsystem qui aurait flirté avec Michel Berger. 

À cette occasion, c’est Caroline de la famille microqlima (le label du groupe) qui est partie à la rencontre du groupe – en visio bien naturellement.

 

Pépite : Interview
© Andréa Montano

 

Ça va les garçons, vous le vivez comment jusque là ce deuxième confinement, en terme de créativité ?

Edouard: Très différent du premier en tout cas. Le premier c’était un peu tout le temps la cour de récré : tous les jours on avait une nouvelle idée, on la retenait ou pas, on passait à autre chose le lendemain… Là comme on essaye de développer des idées qui existent déjà, on réfléchit un peu plus je trouve. 

Thomas : Nous avons connu des jours meilleurs c’est sûr… Je me rends pas trop compte pour le moment je dois avouer, la semaine prochaine on saura !

 

Vous sortez un nouveau morceau aujourd’hui, il s’appelle Mirage, après Désert, Flèches, Sensations… il y a un symbolique derrière ces mono-titres ?

Thomas : Ça doit être une volonté cachée oui, j’aime bien garder une image simple et forte pour un morceau qui dit beaucoup de choses.

Edouard : D’ailleurs c’était la première fois que nous avons autant galéré à trouver un nom de morceau. Généralement Thomas a toujours un nom en tête, ou bien je mets un nom un peu débile au hasard en maquette et ça finit par devenir le titre de la chanson (rires).

 

J’ai ouïe dire que le morceau devait s’appeler Partage

Edouard : J’aime bien tomber sur un mot au hasard autour de moi et en faire un titre de chanson ; ce jour là j’avais une lettre à côté de moi et il y avait écrit “partage”, mais on s’est vite rendu compte que le hasard ne faisait pas toujours bien les choses (rires).
Finalement Thomas est arrivé avec “Mirage” et on savait que ça collait parfaitement bien avec la chanson.

 

La structure du morceau est très crescendo, pour finir en gros bouquet final. Ça change du format classique couplet – refrain, c’est votre manière de concevoir un mirage ?

Thomas : En fait “Mirage” ça faisait directement appel aux paroles, pas tant à la structure. J’aimais bien l’idée d’un texte un peu automatique, et une fois que je l’ai écrit j’avais vraiment en tête quelque chose qui disparaît, une bulle d’onirisme. 

Edouard : Cette chanson me touche beaucoup. C’est encore un mystère pour moi, un peu comme un film de David Lynch qu’il faut regarder une deuxième fois pour comprendre, un peu comme un mirage finalement ! Ce qui résonne surtout pour nous c’est cette idée d’impression de déjà-vu, de rêve éveillé, d’illusion…

 

“Rêve plus fort c’est toujours ça de gagné”… Ce morceau est un peu un cocon face à ce qu’il se passe en ce moment ?

Thomas : Ce morceau a été écrit pendant le premier confinement. Forcément tu ne peux pas t’inspirer de ce qu’il y a autour, donc il faut aller chercher loin dans ses souvenirs, ses images et ses rêves… Il y a aussi une dimension de ralenti, donc ça résulte naturellement de tout ça.

 

Toujours cette envie d’évasion donc…

Edouard : Toujours…

Thomas : Ça ne nous quittera pas !

 

Ce sera le fil rouge de votre prochain disque ?

Thomas : On ne parlera pas d’actualité ou du quotidien, c’est certain, pour laisser place à l’amour et l’évasion en premier lieu. On va essayer d’éviter les naufrages… (ndlr : titre issu de leur premier EP Les Bateaux) (rires).

 

Pépite : Interview
© Andréa Montano

 

Vous avez récemment ouvert la soirée Qui Va Piano Va Sano organisée par le superbe label microqlima (ndlr : label de Pépite), avec en special guest Voyou avec qui vous aviez travaillé sur Feu Rouge. Vous avez des idées de collab dans les temps à venir ?

Edouard : La collab parfaite il faudrait avant tout qu’elle soit surprenante. Après c’est vrai qu’on n’a pas vu grand monde depuis quelques temps avec le contexte, ça met un frein à la spontanéité des nouvelles rencontres artistiques. Mais on aimerait bien passer un peu de temps avec nos copains Voyou, Benoit de Grand Blanc…

Thomas : On a pas de projet concret avec Thibault (Voyou) mais ça ne saurait tarder d’ici peu de temps ! 

 

Vous flirtez beaucoup avec le American Dream de LCD Soundystem dans ce nouveau projet…

Thomas : Ah, ça va faire plaisir à Eddy ça.

Edouard : C’est clair, ça me fait plaisir ! C’est d’ailleurs la référence que j’avais en tête en rentrant en studio, j’en parlais tout le temps. Notre ingé son joue tout le temps oh baby pour tester le système son donc c’est vrai que ça nous touche particulièrement. Ce que j’adore chez LCD Soundsystem, ce sont les sons de la batterie sans reverb, pas de feu d’artifice, ce son un peu sec vers lequel je tends à l’avenir. Mais bon, nous on ne peut pas s’empêcher, on met de la reverb partout. (rires)

Thomas : On n’a pas de réelle influence directe sur ce projet, c’est une période où l’on écoute un peu moins de musique pour peut-être justement se concentrer sur notre son.

Edouard : On a voulu s’affranchir des influences justement. J’espère que ça sonne pas prétentieux. (rires)

 

Thomas, on doit souvent te faire remarquer que tu as la même voix que Christophe non ?

Thomas : Ça me fait super plaisir. On aimerait bien qu’on nous dise plus que c’est “du Pépite” forcément. Mais c’est une très belle comparaison. 

Edouard : … Et au mannequin de la pub de De Fursac non ?

Thomas :  Ah oui aussi, on a reçu des dizaines de messages sur Instagram à ce sujet même si je ne trouve pas qu’il me ressemble, c’est un homme moustachu quoi. (rires) 

 

Vous aviez respectivement un groupe de rock jadis, ça ne vous manque pas de ne pas en faire ?

Thomas : Si justement j’y pensais il n’y a pas longtemps. On essaie de mettre du rock dans nos morceaux mais c’est vrai qu’il y a la barrière de la langue : c’est plus compliqué de faire du “vrai” rock en chantant en français. Hormis ça, ce ne serait pas impossible qu’on fasse un ou deux morceaux un peu dans le genre oui.

Edouard : On a des choses un peu plus vener en stock…

Thomas : On a toujours écouté du rock, encore aujourd’hui, ça reste les groupes de notre jeunesse… Je pense d’ailleurs que le “vrai” rock va revenir, je lui donne 5 ans !

Edouard : Il y a quand même plein de trucs vachement bien dans la nouvelle scène rock français, Th Da Freak par exemple.

Thomas : D’ailleurs on s’était éclaté en jam avec Arthur de Feu! Chatterton sur un morceau rock, donc ça fait toujours partie de nous !

 

Pour finir, un morceau fétiche à jouer sur scène ?

Edouard : Je m’éclate bien sur Champagne personnellement.

Thomas : Éviter les Naufrages, Zizanie… mais j’adore jouer Les Bateaux, on ne s’en lassera jamais je crois !

 

« Mirage » disponible partout depuis le 06.11 chez microqlima records

 

Caro