Boy Racer : Interview

Boy Racer c’est un virage serré du côté de la pop, une surcharge d’érotisme et des mélodies lancinantes. Des mélodies solaires, qui alertent les sens et rappellent le souvenir d’étés brulants. Le souvenir de rencontres, souvent, qui marquent aussi bien qu’elles ne déçoivent. Nous l’avons rencontré avant qu’il ne monte sur la scène de l’Alimentation Générale le 13 septembre pour la Hardies Night #2.

 

Boy Racer : Interview
© Lao Ségur

 

Quel est ton parcours musical ?

J’ai commencé la musique tout petit, sur le piano de mes parents. J’ai aussi fait du violon, un an, mais j’ai vite arrêté.
Un peu par hasard je me suis mis à la basse et je n’ai jamais arrêté depuis.
De fil en aiguille, j’ai commencé à composer des morceaux dans mon coin. J’ai appris le piano, la guitare, la batterie, jusqu’au jour où j’ai réussi à produire un truc tout seul, sans avoir besoin de jouer dans un groupe. Parce que j’ai aussi eu des parcours dans des groupes, divers et variés. La musique est vraiment une passion que j’ai depuis tout petit et qui s’est concrétisée au fil des années.

 

Tu composes tout seul mais tu fais aussi appel à des chanteuses…

Je n’ai jamais vraiment excellé en chant, loin de là, et j’aime beaucoup les voix féminines. Comme j’ai pas mal d’amies qui chantent, j’en profite. L’idée est de trouver la bonne voix qui va aller sur le bon morceau.
Juste avant de venir, par exemple, j’étais en train de bosser sur un morceau avec une amie. Je recherche souvent de nouvelles personnes, pour voir qui est capable de faire quoi. D’ailleurs, je commence de plus en plus à m’entourer pour l’écriture.
Après, j’ai aussi créé un autre duo en parallèle, No Panties, avec Noemi Leneman qui chante beaucoup pour Boy Racer. Elle a un rôle prépondérant dans ces deux projets.

 

Qu’est-ce qui t’inspires dans les voix féminines ?

Je ne sais pas vraiment, j’écoute même pas particulièrement plus de morceaux avec des voix de femmes. Les femmes m’inspirent pour composer, et mes morceaux ne parlent que de femmes. Peut être que j’aime juste trop les femmes. C’est marrant parce que quand j’étais petit j’aimais pas trop les voix de femmes, mais avec le temps ça a complètement basculé.

 

Tu parlais de No Panties. Pourquoi avoir créé ce nouveau projet, l’envie de garder Boy Racer comme projet solo ?

J’avais rencontré Noemi il y a quelques années, en vacances. Je lui ai proposé de faire un morceau avec Boy Racer, mais à l’époque c’était un peu nul, je faisais des morceaux électro sur GarageBand.
Quand j’ai enregistré Un Regard, je cherchais une voix et j’ai repensé à Noemi. On s’était un peu perdu de vue depuis. C’était tellement efficace et rapide qu’on s’est dit qu’il fallait qu’on continue de bosser ensemble. J’avais déjà un autre morceau dans les tiroirs, qui est devenu Spongebob Panties. On a alors bossé sur ça et on a mis six mois à le finir parce qu’on voulait un truc bien fait. Ce nouveau projet, ça me permet de faire une musique assez différente : Boy Racer est pop, accessible et les morceaux ont moins de prétention, alors que No Panties a davantage d’influences jazz et il y a plus de recherche. Noemi part aussi dans des chants plus compliqués.

 

Cette année vous aviez sorti le clip de Un Regard, avec Garance Marillier. Comment ça s’est passé ?

Quand j’ai sorti le morceau, un gars m’a contacté en me proposant de réaliser le clip ; il avait une boîte de prod qui se créait et il connaissait Noemi. Noemi connaissait aussi Garance d’avant. Ca s’est fait un peu de fil en aiguille. Un matin, le gars m’appelle et me dit ‘j’ai appelé Garance Marillier, elle est partante pour jouer dans le clip’. Ca a été un coup de chance énorme, qui m’a apporté pas mal de visibilité. Je me rends compte que Boy Racer, c’est au final beaucoup de rencontres et de personnes qui viennent me voir. C’est là où je suis très content, mais ça a ses limites. C’est aussi à moi d’aller démarcher.

 

Boy Racer : Interview
© Lao Ségur

 

Justement, tu t’autoproduis et tu sors tes morceaux indépendamment. C’est une volonté pour garder plus de contrôle sur ta musique ?

Pas vraiment. Pour l’instant je fais tout tout seul, mais le problème est l’argent et si tu as un peu d’ambition il en faut.
Mon prochain objectif c’est de trouver un label et pouvoir mettre en oeuvre ce que j’ai dans la tête. Je n’ai pas envie d’être limité à mon appart, et même si j’ai pas mal de matériel j’aimerais pouvoir enregistrer une vraie batterie, aller en studio… Ca demande de l’argent, que je n’ai pas. C’est là où la ligne technique vient un peu limiter l’artistique, et c’est finalement le truc le plus chiant, d’être limité par la technique. Un label, ça t’apporte tout le côté technique : un tourneur, une distribution, mais aussi de la médiatisation. En ce moment avec Boy Racer, on est dans la préparation de la suite et pas mal de trucs vont arriver, mais j’aimerais bien que ça arrive sur un label.

 

Tu peux déjà parler de ces nouveaux projets ?

On est en train de bosser un clip pour un nouveau morceau, qui sortira normalement en Novembre. Il n’y aura que des nouveaux morceaux, et je peux donner un indice. En un mot : tourne-disque. Ca ne parle pas de CD (rires).
Pas mal de morceaux sont prêts, il manque juste du chant. Je suis assez confiant dans l’ensemble.

 

Quelle est ta manière de composer ?

Il n’y a pas vraiment de façon de faire, ce n’est pas très méthodique. Je peux avoir une idée quand je suis dans le métro, à une soirée, un concert… Puis après un truc assez mécanique se met en place, je sais souvent ce que je veux ajouter.
Je compose souvent la nuit, seul, sans regarder le temps qui passe et je peux y passer la nuit.
Parfois ça se fait vraiment tout seul, et parfois ça ne vient pas du tout. Par exemple le weekend dernier j’ai passé le weekend à faire des trucs pourris, et au final le lendemain je trouvais un truc cool, une mélodie, et j’en faisais un morceau.
Souvent mes morceaux sont sans paroles, mais parfois tout peut être prêt ; je peux même utiliser ma voix en maquette pour la chanteuse.
Maintenant, comme je le disais, il m’arrive aussi aujourd’hui d’écrire les morceaux avec les chanteuses. Pour No Panties notamment, c’est Noemi qui écrit tout. Ca me va bien parce que je suis moins fort à l’écriture ; je suis plus musicien.

 

Pour le live, tu t’entoures aussi de musiciens. Est-ce qu’il a fallu tout adapter ?

Comme ma musique est plutôt acoustique, je ne peux pas faire tout seul pour le live. J’ai des super musiciens, d’ailleurs bien meilleurs musiciens que moi, ce qui est assez intéressant. Après, l’adaptation, c’est mon boulot. J’aime avoir le contrôle sur à peu près tout, donc quand j’arrive je leur dis généralement ce qu’ils ont à faire. C’est cadré, mais je leur laisse quand même pas mal de liberté et j’écoute toujours ce qu’ils ont à proposer. Il y a un morceau, par exemple, qui part totalement en jazz. C’est des solos, des mélanges de styles, qu’on adapte sur scène pour qu’ils ne soient pas trop identiques aux morceaux studios. Mes morceaux sont techniquement très simples, donc je cherche à les rendre plus intéressants à jouer.

 

Quelles sont tes influences ?

Musicalement, il y a évidemment Gainsbourg, à la fois pour ses morceaux et ses textes. J’aime aussi beaucoup Air, pour le coté analogique des vieux synthés et les lignes de basses. Et puis il y a Metronomy, la meilleure pop qui puisse se faire. Ce sont mes trois piliers musicaux.
Après, c’est la vie de tous les jours, qui est finalement l’inspiration première ; tout ce que je vis ou vois. Bon, il y a un thème très récurrent chez moi, évidemment, c’est les filles (rires) et l’érotisme. En ce moment je travaille surtout le thème de la rencontre, du sexe.
C’est ça qui est aussi marrant dans le fait de faire chanter ces morceaux par des filles ; ça casse totalement les repères. Tu ne sais plus si c’est l’histoire d’un mec, d’une fille.
Pour le côté visuel, je suis très intéressé par la pop. C’est le côté pop de tout ce qui existe qui va m’inspirer. La pop c’est génial, vivons de la pop pour toujours.