Genoux Vener : Interview

Genoux Vener / Je nous vénère. Pseudonyme à double sens, marqué par l’opposition, qui caractérise et incarne le duo avignonnais : têtes d’anges, cheveux platinés, compositions électriques et écriture infernale.
Nous les avons rencontrées avant leur concert  à l’Alimentation Générale le 13 Septembre, pour la Hardies Night #2.

 

Genoux Vener : Interview
Genoux Vener – © Lao Ségur – De gauche à droite : Chloé Crozat, Pauline Bie

 

Comment vous êtes-vous rencontrées ?

Chloé : On s’est rencontrées à la fac. J’ai débarqué à Avignon en deuxième année et on était dans la même promo.
On trouvait qu’on était cool donc on a commencé à trainer ensemble et après on s’est aimées très fort (rires).

Pauline : À la base Chloé voulait faire des Dj sets, parce qu’on avait un ami qui en organisait dans des bars. Un jour elle est venue me voir et m’a proposé de faire un Dj Set, parce qu’on aimait le même style de musique. Ca nous a plu et à partir de Janvier on a commencé à composer de la musique. On avait envie d’aller plus loin.

 

Comment se sont passés vos débuts ?

Chloé : Pour l’instant, on n’a jamais vraiment galéré. Nous avons fait notre premier concert avec la fac, qui organisait des soirées avec des groupes. Nous avons joué deux ou trois morceaux. Les chansons n’étaient pas mixés et j’étais tellement stressée que je me suis arrêtée de chanter au milieu d’un morceau (rires). À la fin de ce concert, qui était catastrophique, un mec nous a demandé s’il pouvait nous programmer dans son festival. Les gens viennent vers nous, on ne sait pas trop pourquoi.
Par exemple, pour les Inrocks Lab, on avait envoyé un truc, comme ça, et ils nous ont pris. On était les seules amatrices et on n’avait aucune chance de gagner, mais ça nous a donné une bonne visibilité.

 

Quelle est votre manière de composer ?

Pauline : Moi je fais l’instru avec mon synthé, et souvent Chloé écrit les paroles.

 

Souvent, vos chansons sont à la fois chantées et parlées. C’est venu naturellement ?

Chloé : Oui, c’est quelque chose qu’on a mis presque tout de suite dans nos musiques. Après c’est pas dans tous les morceaux non plus, loin de là. Mais on aime bien ça, ça donne un certain poids à la musique. Tu peux être davantage théâtral, appuyer sur certains mots, et ça donne un côté sérieux, puissant. Il y a des morceaux qui ont un parlé langoureux, d’autres qui sont limite du rap.

 

Genoux Vener : Interview
© Lao Ségur

 

C’est aussi lié à vos inspirations ?

Chloé : Oui, Vendredi sur Mer fait ça et on aime beaucoup. Le fait qu’elle parle donne une dimension très intéressante à la musique. Nous nous en sommes inspirées. Ça nous a donné l’idée, mais après nous ne faisons pas exclusivement ça, comme elle. On en joue, on alterne.

 

Quelles sont vos influences musicales ?

Pauline : Vendredi sur Mer, Caraco, Gainsbourg… D’ailleurs lui aussi fait beaucoup de parlé/chanté.

Chloé : De la musique classique, par la formation musicale de Pauline.
Il y a aussi beaucoup d’artistes que nous rencontrons et avec qui l’on joue, qui nous inspirent et nous font grandir.
Samedi dernier, par exemple, nous avons joué avec Charlotte Fever, que nous avons trouvé géniale. De voir des artistes comme ça, ça nous inspire et nous donne envie. Même sur le plan scénique : comment un artiste se déplace sur scène ? C’est quelque chose à apprendre et à travailler. Nous, c’est pas encore ça (rires).
Au fur et à mesure de nos scènes, on rencontre plein de groupes qui nous inspirent beaucoup.

 

Dans vos chansons vous parlez beaucoup du milieu de la nuit. Qu’est-ce que ça vous inspire ?

Chloé : Pauline compose la nuit.

Pauline : Il y a un truc mystérieux et très mystique la nuit.

Chloé : C’est des choses sur lesquelles on a parfois plus de mal à mettre des mots, parce que ça parait assez sombre et lointain. C’est très intéressant d’en parler et de poser cet univers là musicalement parce que ça montre le côté un peu mystérieux et incompréhensible de la nuit. Je pense que la nuit inspire beaucoup de groupes, plus que le jour.

 

Genoux Vener : Interview
© Lao Ségur

 

Vous avez sorti un clip pour Voyage ruelle. Quel parallèle vouliez-vous montrer ?

Chloé : On a réalisé ce clip dans Avignon, car les ruelles sont très fermées par les murs. C’est ce qui nous avait entre autre inspiré pour le morceau.
Nous avons beaucoup travaillé sur la notion de paradoxe. On travaille sur l’opposition ; par exemple le nom Genoux Vener, en opposition avec l’image que l’on a de deux filles blondes. Il y a aussi une opposition entre nos têtes et les morceaux que l’on compose, qui sont assez profonds. On travaille entre le sérieux et l’enfantin, l’enfant et la femme.
C’est ce paradoxe que l’on a voulu montrer dans le clip : une partie nous montre avec des vêtements écoliers, qui font assez enfantins, puis les plans deviennent assez sensuels et parlent de femmes, d’amour, de sexe.

Pauline : Elle a dit le mot (rires).

 

Vous avez adapté un poème de Baudelaire. Vous pouvez nous en parler ?

Pauline : Baudelaire est un poète que j’aime beaucoup et ce poème là, Allégorie, je l’ai appris quand j’avais 8 ans. Je ne l’ai jamais oublié parce que je l’adorais. Il me revenait souvent et je trouvais très inspirant de le mettre en musique. En plus c’est un poème sur la femme, donc je trouvais que ça rentrait bien dans notre groupe.

 

Dans vos lives, vous jouez aussi de nouveaux morceaux. Il y a des sorties en prévision ?

Chloé : Il y a beaucoup de morceaux qui ne sont pas en ligne, on attend de pouvoir bien les enregistrer.
On est sur la production d’un petit EP qui devrait sortir cette année, mais on attend d’avoir des chansons propres.
Les intrus sont mixés mais pas les voix, ce qui fait que nous pouvons déjà jouer les morceaux en live.

 

L’Ep dont vous parlez, vous allez l’autoproduire ?

Chloé : Des gens vont nous aider à le produire, sous notre supervision.