Alexandra Savior : Entre élégance, noirceur et mystère

C’est un jour en faisant défiler les pages d’un réseau social que j’appris la nouvelle selon laquelle Cam Avery, le bassiste de Tame Impala venait de sortir un titre : We’re just making it worse. Il était accompagné d’une toute jeune femme (à peine âgée de 21 ans) qui se faisait appeler Alexandra Savior.
Je m’empressais d’écouter le titre, très excitée, et j’étais conquise par la balade formée par le duo ; leurs voix surprenantes s’entremêlant et formant un ensemble languissant.
Curieuse, je faisais alors des recherches sur cette Alexandra Savior, et j’étais particulièrement déçue de ne pas avoir trouvé d’autres morceaux de cette artiste, m’attendant au moins à un EP ou quelques singles (ne me lassant pas de la collaboration avec Cam).

 

Alexandra Savior : Entre élégance, noirceur et mystère

 

Ce n’est que quelques mois après, au moment de la sortie du dernier album des Last Shaddow Puppets, ‘Everything you’ve come to Expect’ que le nom de l’artiste fit une nouvelle apparition.
Et pour cause, l’épatant morceau Miracle Aligner était co-écrit par cette dernière.
Décidément, douceur et élégance sont toujours au rendez- vous lorsque l’on écoute ce qui passe sous la main de la jeune femme.
Lorsque Maguelone m’a proposé d’écrire un petit quelque chose pour son magazine, en me suggérant la mystérieuse Alexandra Savior dont on ne sait pas grand chose (ou très peu), je me suis plus sérieusement mise à faire des recherches.
J’appris à cette occasion qu’elle venait tout juste de sortir, au mois de juin, un single intitulé Shades. Le single annonçait la sortie prochaine de son premier album ‘Strange portraits’, chez Columbia.
À la première écoute de ce titre, je ne pouvais m’empêcher de penser à certains morceaux  d’Alex Turner (Arctic Monkeys et The Last Sahddow Puppets). Et n’importe qui pourrait imaginer la voix d’Alex sur cette mélodie.
Il se trouve d’ailleurs que ‘Strange Portraits’ est co-écrit et co-produit par Alex (Alexandra est la première artiste à être produite par Turner, quel honneur !). Et lors de l’enregistrement de Shades, Monsieur Turner y joue basse, batterie, tambourin et piano.
Ce dernier sera même crédité comme l’unique auteur de Bones, l’un des morceaux de l’album. Et il est vrai qu’Alex y laisse ses marques : notamment sa plume et certains airs.

 

Alexandra Savior : Entre élégance, noirceur et mystère
© Sam Kristofski

 

S’exprimant sur cet album à venir, la jeune artiste confie avoir réalisé l’artwork et l’ensemble des photos.
Elle explique que cet album représente un travail sur l’identité et en particulier, sur sa propre identité. Il relève donc d’un travail doublement artistique dans la mesure où la quête de son identité repose sur une écriture tout de même assez poétique et sur de splendides mélodies.
Alexandra Savior y écrit sur diverses expériences, tout en gardant un minimum de distance et en restant dans la fiction.
Comme elle le confiait récemment, les chansons sont aussi empreintes de l’oeil d’Alex Turner, qui leur donne un côté plus concret et masculin. De plus, cet album étant terminé depuis maintenant plus d’un an, il présente des morceaux plus ou moins récents, dont l’écriture n’est plus toujours actuelle pour l’artiste.
En revanche ce qui ne peut nous échapper, c’est à quel point ses textes sont sombres et noirs : de Bones, Cupid Shoots to Kill à Risk, il est souvent question d’amours ratés, de mort ou de mal-être. Comme dans Shades où l’artiste balance : “En quelque sorte j’aimerais qu’il pleuve, pour pouvoir soulever la capuche en haut de mon manteau”.
Outre le fait qu’ils collaborent depuis 2014 en studio sur l’album, j’appris également  que «  la combinaison Alexandra – Alex » n’était pas  récente, mais qu’elle avait déjà porté ses fruits sur un morceau aux tons psyché-rock, Risk. Ce titre, sorti au mois de septembre apparaît dans le générique de fin de la deuxième saison (épisode cinq) de la série True Detective (quel succès !).

La jeune artiste qui débute à peine a déjà tout d’une icone (que ce soit pour ses goûts stylistiques très prononcés, pour ses choix musicaux et artistiques ou encore sa voix) et nos doutes quand à sa réussite ne sont pas vraiment permis.
Pourtant, une question s’impose : qui est Alexandra Savior ?
Internet fouillé, articles éculés, et toujours rien. Le mystère qui entoure ce personnage reste entier : un pseudonyme, des collaborations qui dépassent l’imaginable pour une si jeune artiste, quelques chansons et une poignée de lives dans lesquels elle s’avère toujours plus mystérieuse (Alex laisse souvent parler ses “dudes” à sa place).

 

Alexandra Savior : Entre élégance, noirceur et mystère
© Sam Kristofski

 

C’est finalement sur le point d’abandonner nos recherches que nous avons découvert qui se cachait derrière ce personnage.
Née Alexandra Mc Dermott, l’artiste grandit à Portland, bercée par la soul et le grunge qu’écoutait son père.
Alex y connaît une adolescence difficile, et écrit sur ses peines. Elle dit s’être mise à écrire à partir de ses 12 ans ; essentiellement des poèmes et des nouvelles. Et ce n’est qu’après s’être faite virée d’une compagnie théâtrale qu’elle choisit de se tourner vers la musique.
En 2011, elle participe à un talent show de son lycée, où elle reprend avec une amie Someone Like You d’Adele.
Mais c’est surtout avec sa reprise de Big Jet Plane (Angus et Julia Stone) qu’elle se fera remarquer, s’attirant alors les faveurs de Courtney Love ou encore Linda Perry (chanteuse de 4 Non Blondes), qui la comparait déjà à Fiona Apple.
2013 est une année tournante pour l’artiste, qui se fait remarquer par la créatrice Erin Fetherson. Cette dernière, qui l’avait découverte sur youtube, la choisit lors de la Fashion Week pour faire partie du lookbook de la saison et pour se produire durant le fashion show.
L’artiste, qui à l’époque publiait des vidéos acoustiques sur youtube, a à peine 17 ans et fait ses premiers pas sur scène. Elle disait alors être influencée vocalement par Adele, Amy Winehouse ou encore Etta James, et musicalement par Jack White.
Puis fraîchement diplômée, elle passe un mois à Londres pour écrire, avant de s’installer à Los Angeles.
Elle ne tardera pas y à faire ses preuves, dégotant rapidement un contrat chez Columbia.
À Los Angeles, elle fera d’abord la rencontre de Miles Kane. Il lui apprendra la semaine suivante qu’Alex Turner voudrait la rencontrer. Les deux artistes, sur la même longueur d’onde musicale, ne tardent pas à collaborer puisqu’en effet le jour même Alexandra Savior écrivait une chanson.

L’album n’est toujours pas sorti, mais on vous propose de vous en faire une petite idée en écoutant certains des morceaux qu’elle a pu jouer (avec ou sans Alex) à l’occasion de concerts privés qu’elle a donné aux Etats Unis. Nous on est devenu fan de Mystère Girl.