Lettre d’amour à Miqui Brightside

On a été grinçant récemment sur Hardies, avec Clara Luciani et Thérapie Taxi, mais au fond, on a aussi le cœur tendre. Pour peu qu’on sache nous parler, on n’est pas farouche. Et il y a parfois de beaux coups de cœur, des petits secrets que l’on aimerait garder pour nous, mais qu’il faut aussi savoir partager… avec une touche certaine de subjectivité. Rapide chronique d’une histoire d’amour.

 

Lettre d’amour à Miqui Brightside

 

On ne fait pas vraiment une fixette sur l’Espagne, mais seulement voilà : cela fait plusieurs années que la scène de nos voisins ibériques est particulièrement excitante. On avait déjà fait un tour d’horizon, mais force est de constater qu’à peine fini, celui-ci est presque obsolète. Il se passe clairement un truc, et ce ne sont pas les chaudes effluves houblonnées d’étés interminables ni les échos nocturnes et lointains des bars à tapas qui nous montent à la tête. Le cool est espagnol, et c’est comme ça. Sans prise de tête, avec un naturel désarmant, des artistes à la démarche novatrice et cohérente éclosent régulièrement. Ils mettent en quelques mois leurs acolytes français à l’amande, tout engourdis qu’ils sont dans une démarche « bankable », plate et stérile, heureusement soutenus par le consternant consensualisme des gros médias culturels qui se regardent le nombril (coucou CHRIS ou Eddy de Pretto).

A côté de la future star barcelonaise Rosalía, qui façonne des tubes instantanés entre flamenco classique et r’n’b latino, un jeune DJ madrilène nous fait du pied depuis un moment. A l’aide de tracks planantes mais prenantes, électro mais organiques, Miqui Brightsidese fraie progressivement un chemin dans la scène de la capitale espagnole. Un EP et quelques titres plus tard, voilà que son nom revient régulièrement dans les soirées et les playlists. Il faut dire qu’il est bien entouré : les managers décidément très inspirés de Ground Control, et leur pléiade de groupes prometteurs (Baywaves, Lois) ou déjà confirmés (Hinds). Une sorte de grande Factory hispanique, créative et excitante. Ça, c’est les papillons dans le ventre.

 

Lettre d’amour à Miqui Brightside

 

On ne va pas vous dire que la musique de Miqui Brightside ressemble à une autre, ou que c’est le nouveau « untel », parce que le garçon a de la personnalité, et que ses textures sonores et son univers, aux frontières de la house et de l’électro expérimentale, se suffisent à eux-mêmes. Ce sont les rues désertes de Madrid au petit matin, d’un charme désabusé et romantique, une accalmie soudaine dans une ville vibrante, que l’on aperçoit au fil de ses morceaux poétiques. Une fin de nuit éclairée par des lueurs naissantes, qui laisse présager de la beauté du jour et des nouvelles soirées à venir. Un spleen électro parfaitement appréciable dans son dernier single, Panorama, accompagné d’un sublime clip. C’est ça Miqui Brightside, le feu sous la glace. Le coup de foudre.

Et puis on a envie de l’aimer notre madrileño, parce qu’il est beau gosse, et qu’il est la définition même de ce qui nous anime et nous pousse à écrire chez Hardies : frais et nouveau, dans une scène en pleine expansion et expérimentation, et vecteur d’une véritable proposition artistique.

Vous l’aurez compris, on va partir vivre en Espagne, et pas seulement pour retrouver des amours passagères rencontrées en Erasmus. Non, c’est définitivement beaucoup plus sérieux…

Allez, bisous et hasta luego.