ELOI, les pieds sur le capot

J’ai écouté le premier EP de ELOI qui s’appelle Acedia, et qui est sorti en décembre 2020. 4 titres pop/synthwave, entièrement autoproduits et écrits par Eloïse, jeune étudiante aux beaux-arts de Paris.

 

ELOI, les pieds sur le capot

 

À la première écoute, sur le premier titre, j’ai tout d’abord été frappé par l’influence probable de Crystal Castles dans la musique de ELOI. Sans compromis, électronique et impétueux, Acedia partage avec le groupe canadien les sonorités synthwave des boîtes à rythmes des années 80. Mais si ce qui rapproche ELOI de Crystal Castles m’a fait entrer dans cet EP avec enthousiasme, ce sont ses différences qui m’ont fait rester, et notamment dans la voix. Profonde et nonchalante tout en étant énergique, le contraste entre la chaleur de sa voix et la froideur des synthés et des batteries électroniques crée un truc grave cool qui rend ses chansons très singulières, qui donne envie de bouger la tête vite et les bras lentement. 

Avec son esthétique techno emo, ELOI incarne cette nouvelle vague française qui renoue avec la synth pop du siècle dernier, tout en se construisant une identité personnelle affranchie des codes originels du genre, en empruntant à l’imaginaire des mouvements autrefois considérés comme hardcore et à la plastique agressive. Mais parlons un peu des chansons. 

 

ELOI, les pieds sur le capot

 

Ma chanson préférée, c’est Flamme, avec cet orgue qui plante le décor d’entrée, qui pose une ambiance tragico-inquiétante comme si on était à la fin d’un film qui se passe mal, où tous les espoirs des personnages sont dévorés par des choses qu’ils ne maîtrisent pas. Mais j’aime bien aussi Mauvais Sang, même si j’ai pas trop compris les paroles, un peu odezenienne dans le style, énigmatiques, où on se dit que c’est joli même si on a rien capté au message, mais est-ce important ? Est-on seulement, auditeurs, les destinataires des messages que laisse ELOI dans ses chansons ? Je ne saurais dire, et pour être tout à fait franc, la question me paraît anecdotique tant l’essentiel de ce projet se trouve ailleurs. Ambiance club 80, esprit de révolte, Acedia donne envie de danser librement, et c’est probablement ça l’important. Il m’a même donné envie de mourir vivant, même si je sais pas ce que ça veut dire.