Brace Brace : Interview

Le 21 octobre se tenait à l’Espace B notre première Hardies Night, et Brace ! Brace ! en assurait la première partie.
Nous en avons profité pour poser quelques questions au groupe, avant que ceux-ci ne partent enregistrer leur premier album.

 

Brace Brace : Interview
Brace Brace – © Lao Ségur – De gauche à droite : Antoine Barbier, Cyril Angleys, Thibault Picot, Simon Lapillonne

 

Un premier album, oui, si l’on ne tient pas compte de la sortie de ‘Worries’, en 2014, qui comprenait alors une formation différente.
Et si Brace ! Brace ! a pas mal évolué ces dernières années, c’est aussi sur le plan musical. D’une veine plutôt garage rock, déjà un brin shoegaze, le groupe se tourne aujourd’hui davantage vers la pop, avec des compositions plus aérées, mélodiques, et aux envolées psychédéliques.
En janvier dernier ils sortaient un EP de cinq titres, ‘Controlled Weirdness‘. Un premier effort original, qui ouvre un large panel d’influences mais où la cohérence prime. Les morceaux témoignent d’un soucis du détail, d’une envie d’expérimenter, réinventant un rock qui, ces dernières années, a tendance à s’essouffler.

 

Comment vous vous êtes rencontrés ?

Thibaut : Brace ! Brace ! a commencé il y a quatre ans. À la base c’était un duo deux guitares et une boite à rythme.
J’ai commencé avec un copain sur Lyon ; c’était une formation plus minimaliste.
Au fur et à mesure, le groupe a évolué et on a eu envie de faire des choses plus pop, plus arrangées. Et on s’est retrouvé avec cette formation à quatre. Ca fait un an et demi qu’on joue avec cette formation là.

Antoine : Pour expliquer comment on s’est rencontré – Simon est entré le premier, il était batteur au début. On est plus ou moins tous de Lyon, c’est ça notre lien.

Thibaut : Nous sommes des lyonnais exportés à Paris.

 

Le fait que votre musique soit aujourd’hui plus pop, est-ce dû à ces changements dans le groupe ?

Thibaut : C’était une volonté artistique de passer de quelque chose de très minimaliste au niveau de la musique, dans la façon de composer, à des choses plus arrangées. Petit à petit ça a amené à une musique de groupe.
Depuis qu’on joue ensemble, ça a aussi changé : avant j’écrivais tout. Maintenant on est plutôt sur un effort collectif, avec un travail collectif. Et alors on est arrivé progressivement à des choses de plus en plus pop. C’était une volonté.

Antoine : Du fait de nos influences respectives, on rajoute tous notre petite patte à la composition. On construit ça à quatre maintenant.

Simon : C’est un des rares trucs sur lesquels on se rejoint. Pas la musique, mais les Beatles par exemple. Ce genre de choses basiques, pop.
Quand je suis arrivé, le groupe était au final plutôt garage. Et petit à petit, naturellement, c’est devenu davantage pop.

 

Comment se passe la composition ?

Antoine : Il y a plusieurs processus différents, mais c’est souvent Thibaut et Cyril qui arrivent avec une composition plus ou moins travaillée. Ensuite, tous ensemble, on fait avancer le morceau en le bossant à quatre et il pourra alors évoluer vers de nouvelles idées.

 

D’où vient votre nom, “Brace ! Brace !” ?

Thibaut : Avec Antoine Magnien, avec qui j’ai formé le groupe, on aimait bien la sonorité et la phonétique de “Brace”. Et on aimait l’idée d’un motif qui se répète.
Au delà de ça, dans le sens, Brace Brace c’est le signal d’alarme que l’on entend dans un avion avant que celui-ci ne se crash. Du coup, c’est potentiellement le dernier truc que t’entends (rires).

Simon : Nous on fait pas du métal, bizarrement.

 

Donc la dernière chose que vous souhaitez que les gens entendent c’est vous ?

Thibaut : Exactement !

Simon : Ouais, lourd. Écoute Brace Brace, et meurs.

 

Brace Brace : Interview
Brace Brace – © Lao Ségur – De gauche à droite : Antoine Barbier, Cyril Angleys, Thibault Picot, Simon Lapillonne

 

Quels sont les projets à venir ?

Cyril : Dans six jours, nous partons enregistrer notre premier album – un LP de 10 titres, vraiment composé à quatre.
On part s’isoler dans le Jura et on va y rester une dizaine de jours. C’est un grand projet, un truc auquel nous aspirons tous, parce que pour des raisons diverses et variées, Antoine, Simon et moi n’avons pas pu participer pleinement à la composition et l’enregistrement de l’EP qu’on a défendu en tournée (Ndlr : ‘Controlled Weirdness’).
On est très excité car c’est notre premier effort collectif. On a tous toujours rêvé d’enregistrer un album et ça sera bientôt chose faite…

Thibaut : Le studio c’est un truc assez important dans Brace ! Brace ! depuis le début. Plus qu’un groupe de live on est vraiment un groupe qui essaie de maîtriser un peu les sonorités, et qui essaie d’avoir quelque chose d’assez singulier dans la production.
Donc c’est important pour nous de passer le cap de l’album. C’est un gros cap, on est content de le faire.

Cyril : Il y a pleins d’artistes qu’on aime, mais on est aussi souvent fasciné et attiré par les producteurs et les méthodes de production. Pouvoir donner une couleur à un disque, un groupe, c’est quelque chose qui nous a toujours beaucoup intéressé.
Faire ça sur notre propre album, ça s’annonce vraiment cool.

 

Votre EP était majoritairement pop, mais un morceau, It’s Okay, est assez différent, plutôt psyché.
Pour votre album vous pensez rester dans la branche pop, ou peut-être aller vers de nouvelles choses ?

Thibaut : Pour qu’un album fonctionne il faut forcément des locomotives pour le tirer. Il faut qu’il y ait des morceaux structurés, très pop dans le format, pour tirer les autres. Mais je pense qu’on va se permettre des morceaux plus progressifs, avec des choses peut être un peu moins accessibles et efficaces, mais qui sont aussi intéressantes.

Simon : Oui, les nouveaux morceaux, c’est vrai, pour la plupart et de manière générale, sont plus calmes, et un peu plus progressifs, comme le morceau dont tu parles. Même si on trouve que ça fait plus pop parce qu’au final c’est plus calme, ça fait des petites mélodies et il y a quand même le côté plus progressif, alambique, tu vois le délire.

 

Comment s’est passée votre collaboration avec Howlin’ Banana Records pour ‘Controlled Weirdness’ ?

Thibaut : Tom qui s’est occupé de nous sur Howlin’ Banana a vraiment fait un super boulot. C’est un gars très investi et on est vraiment content d’avoir travaillé avec lui – aussi bien sur la sortie de l’album que sur les concerts, l’organisation de la tournée… C’est rare de voir quelqu’un d’aussi passionné.

Cyril : C’était très appréciable de bosser avec Tom. On est arrivé à un moment où il voulait vraiment diversifier son catalogue, sans forcément toujours continuer avec des artistes garage du style de Burger Records. Il voulait trouver d’autres inspirations pour son label. Nous on est arrivé un peu en rupture par rapport à tout ça. C’était cool car il nous a ultra accompagné et on est vraiment content de tout ce qu’il a fait pour nous.

Thibaut : On l’a démarché, à un moment on cherchait un label pour sortir le disque, qui était produit et enregistré. Tom était l’un des premiers emballé pour le sortir. Le problème est qu’il avait beaucoup de sorties sur la même année. Un EP c’est assez risqué car on le vend quasiment le même prix qu’un LP. On a donc fait une co-release avec Teenage Hate Records, un label lyonnais monté par des passionnés, qui sont des acteurs de la musique indé sur Lyon. La co-release était l’occasion de bosser avec ces deux structures, qui correspondait artistiquement à ce qu’on voulait faire, dans la méthode et l’éthique.

 

C’est votre quatrième fois à l’Espace B. Quels sont vos autres lieux de résidence ?

Cyril : On est en résidence depuis 9 mois au Point Ephémère ; c’est un lieu qu’on aime vraiment à Paris. On y passe beaucoup de temps pour répéter, y voir des concerts… On a déjà eu l’occasion d’y jouer plusieurs fois.

 

Une anecdote d’un concert mémorable ?

Simon : Il y a pleins d’anecdotes. Mais un jour on a fait un concert à Nantes. On dormait dans un appart. Après le concert et une soirée un peu arrosée, sur le coup de 2h du mat, Antoine va aux toilettes…

Antoine : En voulant tester la chasse d’eau j’ai tiré dessus mais elle m’est restée dans la main et il y a un jet d’eau extrêmement puissant qui est arrivé. On n’est pas très manuel alors on a du trouver une solution.

Simon : Pendant au moins une demi-heure, un jet d’eau extrêmement fort allait vers le plafond.

Cyril : On devait se relayer pour juguler.

Simon : La meuf de notre hôte était avec nous au téléphone. Elle m’expliquait comment il fallait arrêter l’eau. Mais personne ne comprenait parce que tout le monde était un peu saoul.

Cyril : Avec Simon on est quand même descendu dans la rue avec un couteau à pain pour essayer de soulever la plaque d’égout, alors qu’il pleuvait des cordes, pour essayer de trouver comment arrêter l’arrivée d’eau de l’immeuble.

Simon : Finalement notre hôte est arrivé et a coupé l’eau. Et il a réparé la chasse d’eau au bout de genre, deux heures. En attendant on mettait des plats, des bols pour arrêter le jet…

 

Une salle ou un groupe avec qui vous rêveriez de jouer ?

En choeur : On s’entendra jamais là-dessus et on va finir par s’engueuler (rires).

Antoine : Commençons par les choses faciles. Tout à l’heure on discutait et on se disait qu’on aimerait bien jouer à La Cigale.

Simon : Je sais pas, Le Stade de France, tout simplement. La base, quoi.

Antoine : C’est vrai qu’on est un groupe de stade, on a oublié de le dire au début.
Mais les artistes… Honnêtement ce n’est pas possible à dire. Ou alors à la limite un groupe mort et on pourrait dire les Beatles.

Cyril : Les Beatles c’est un peu le seul truc sur lequel on s’accorde, parce qu’on a tous des influences différentes. ‘Controlled Weirdness’ c’est un terme qu’a employé Paul McCartney pour parler d’Apple Records, le label qu’ils avaient monté. Il le qualifiait d’une sorte de « bizarrerie contrôlable » et on trouvait que ça se prêtait bien à notre musique. Les Beatles étant tout pour nous, on s’est inspiré de ça.