Le Zig Zélé, à la rencontre d’un poète des temps modernes

Le Zig-Zélé, alias Pierre, il vient de Bourgogne, il a 28 ans et il a plein de choses à nous dévoiler.

 

Le Zig Zélé, à la rencontre d'un poète des temps modernes

 

C’est dans un café poitevin que nous nous rencontrons. Pour ma part, une première interview qui s’est très bien déroulée. Un artiste intéressant et une rencontre enrichissante.

Ses débuts dans la musique, c’est l’écoute du rap mais aussi la lecture puis l’écriture. A 18 ans, il découvre le logiciel Reason et s’amuse avec. Un jeu qui finit par une jolie production, des enregistrements et des disques.
Quand on lui demande de nous dire ce que la musique représente pour lui en 3 mots, “Le Zig” nous répond que c’est l’expression du corps, de la pensée et des sentiments, le rythme et le partage.

Pourquoi Khamsin et Zig Zélé ?
Une incompréhension qu’il s’empresse d’éclaircir. Khamsin date de son adolescence, il aimait les consonances du mot, “ça renvoie à  l’exotisme”. Puis il ajoute qu’il s’en est lassé, que ça ne correspond plus à sa personne, son univers.   Le Zig Zélé, c’est très différent, c’est un décalage. Il explique qu’il aime la répétition des Z et la consonance, qu’il possède une certaine dualité.
Souriant, il ajoute que certains trouveront que ça ne sonne pas très « Hip-Hop » mais il le défend au contraire, “je trouve que ça colle carrément à mon hip-hop”.

Le Zig Zélé, à la rencontre d'un poète des temps modernes

On retrouve cette dualité dans son rap. Dans l’EP3, il y a le morceau  Clown en kimono : on reconnait la blague et la critique, l’art et la manière, l’originalité et la rigueur, la simplicité et le sérieux. La simplicité étant un de ses traits de caractère.

Quand on écoute l’interview d’un rappeur, souvent les références étonnent, cette fois encore plus.
“Je suis avant tout auditeur, j’aime découvrir des artistes, écouter de nouvelles choses”.
Il aime beaucoup la chanson française, ses incontournables sont Jacques Brel, Georges Brassens, Edith Piaf, Alain Souchon, Renaud et beaucoup d’autres.
Evidemment, on retrouve aussi du rap, français comme américain, la liste est longue.

Dans ses basiques, on retrouve de grands classiques du rap français : IAM, NTM, LA RUMEUR, ATK, HOCUS POCUS et ce n’est pas fini.
Plus récemment, il écoute l’animalerie avec notamment Lucio Bukowski et Anton Serra. Et Rezinsky, un rappeur qui vient d’Angers ou encore Hippocampe Fou. Il aime beaucoup le rap d’une jeune rappeuse Eli MC, « c’est de bonne facture ».  Avec Pierre, on peut passer des heures à parler d’artistes de rap, la liste est interminable.
“Autres influences, évidement le hip-hop ricain, De La Soul, ATCQ , Wu, Fugees, KRS, GangStarr, Eminem, JP Manova, NAS etc”.
Deux rappeurs qui l’inspirent : Gaël Faye un rappeur membre du groupe de hip-hop Milk Coffee and Sugar.
Et Melan, “qu’est-ce qu’il envoie, tu ressens que ça sort des tripes, que c’est authentique”.

 

Le Zig Zélé, à la rencontre d'un poète des temps modernes

 

Le Zig Zélé a fait quelques scènes, d’abord du slam à Paris, puis il   commence vraiment il y a 2 ans et demi à Nantes, essentiellement dans des bars. “Les premières fois c’est très stressant. Jouer dans un bar est un exercice difficile”.
Il a joué avec MAD (Musiques à Découvrir), il nous explique. “C’est l’asso musicale de Nantes, le concept, c’est un genre de tremplin et qui est proposé aux musiciens de la région”. Il a postulé, a été sélectionné et a, en mars, « sur une vraie scène » fait un set de 45 minutes. Il a fait partie des lauréats, et a pu prétendre à un accompagnement avec l’association Tremplolino pour travailler la construction de ses sets et leurs mises en forme. “Donc MAD, dispositif positif”.
Extrait de son concert.

 

Comment t’imagines-tu dans 10 ans ?

“La question typique de l’entretien d’embauche” puis “pareil mais en mieux” et “une musique qui a évolué, des gens qui continuent à m’écouter, à me suivre”.

 

Ton style de rap est particulier, comment le qualifies-tu ?

Selon moi, ça veut dire qu’il est plutôt unique, décalé et pas complètement calqué sur un autre. Donc je prends ça comme un compliment. Je le qualifie de hip-hop à texte. Je mets beaucoup d’efforts dans ma musique, mais surtout dans l’écriture, le son, le sens, et j’ai envie que les gens l’entendent comme ça.

 

Que penses-tu du rap français d’aujourd’hui et selon toi quelle en est la meilleure période ?

Aujourd’hui, j’ai l’impression que le hip-hop est bien en place, bien présent sur le territoire, avec beaucoup d’artistes, d’activistes, de projets. Une vraie légitimité, qu’il n’y avait pas forcément avant. Et surtout de plus en plus de gens pour l’apprécier. Il y a beaucoup de bonnes choses, beaucoup de choses dans l’underground, des mecs qui font leur petite sauce, avec un esprit hip-hop, avec sincérité. C’est cool.

 

Le Zig Zélé, à la rencontre d'un poète des temps modernes

 

J’ai grandis dans les 90’s, donc à la base, je suis plus attiré par le boom rap, les trucs old school, ça me parle plus. Mais je reste ouvert, j’écoute de nouvelles choses. Et puis c’est subjectif, ça reste mon avis, mon expérience de la musique. Et l’art reste une affaire de goût, de sensibilité.

Le problème, c’est qu’il y a des artistes mainstream qui prennent toute la place sur les grandes chaînes médias et qu’on sert à la populace en disant ‘tiens écoute le rap de Maître Gims’.Mais c’est pas du rap. C’est autres chose, un autre concept. J’ai envie de dire tant pis pour ces gens-là, ceux qui confondent hip-hop et Sexion d’Assaut et autres pseudo rappeurs ou pseudo gangsters.

J’ai pas envie que les gens aient une vision décalée de cette musique. J’aimerai qu’ils ressentent ce que je ressens quand j’écoute du hip-hop.

 

Comment définirais tu le rap ?
“Pour moi ça rejoint la définition de ma musique, le rap c’est l’expression par excellence, que tu racontes ta vie ou de la pure fiction. C’est la possibilité de dire autant de mots en si peu de temps. C’est aussi l’hommage répété aux autres artistes, aux autres musiques. C’est le crépitement du vinyleC’est l’envie, l’énergie, l’authenticité. La je te donne ma définition, le rappeur d’à côté te dira surement autre chose, ou la même chose mais avec des mots différents. Et c’est ça qui est cool : les nuances, la richesse, la diversité”.

Pierre nous dit que son rap a plein de messages à faire passer, tous ceux de ses chansons. “Et ma définition du hip-hop, comme ça, disséminée dans mes morceaux”. Selon lui, si on colle tous les morceaux les uns aux autres,  on aura surement une idée plus précise de sa musique et de sa personne.

Après 3 EP, son album n’est pas pour tout de suite. “Je pense que l’album se fera quand je me sentirai prêt, quand mon projet aura mûri”.

Une première expérience très instructive, à renouveler à la sortie de son album. 😉