H. MESS : interview

H. Mess est un jeune artiste rennais de 20 ans, qui s’est mis à produire de la musique électronique et à mixer dès l’âge de 16 ans. En 2013, il fonde l’Organisme Texture, avec deux autres amis (dont YANN POLEWKA), une association d’événements à la fois musicaux et artistiques, basée sur Rennes : “Un lieu original, de la musique, de l’art”.
Ici H. Mess revient entre autre sur son parcours et la création de Texture.
Vous trouverez aussi à la fin un mix de trois heures d’H. Mess et CLEFT, tous deux résidents de Texture, en b2b !

 

H. MESS : interview
© La Clic

 

Tu as commencé à produire très jeune, 16 ans, qu’est ce qui t’a donné envie de te lancer dans la musique électronique au début ?

Au début, je bossais beaucoup sur l’ordi, je faisais un peu de graphisme et j’essayais de nombreux logiciels, du coup j’ai testé un logiciel de musique, un peu au hasard. Ca m’a fais marrer de faire du son. Au début c’était plus de l’expérimentation de logiciels, et ensuite j’ai écouté de plus en plus d’electro, fréquenté des personnes qui écoutaient aussi ça, et participé à de plus en plus de soirées.

 

Quelles étaient tes influences ?

Au collège, c’était plus Daft Punk et des trucs classiques comme ça,  et au lycée je me suis mis à écouter de la House et Tech-House. Puis, petit à petit je me suis dirigé vers la techno, et des trucs plus bourrins. A la toute base, je n’avais pas trop d’influences, j’écoutais vraiment de tout. Ça a été progressif : j’ai écouté de la techno petit à petit, je me suis mis à chercher des sons, et j’ai trouvé mon style en allant aux soirées. Au début c’était de la techno tranquille, puis s’est devenu de plus en plus énervé. C’est vraiment en expérimentant que j’ai trouvé ce style, et créé mon univers”.

 

En seulement quelques années tu as sorti plusieurs EP, créé une association, et en plus de cela tu mixes maintenant beaucoup. Comment trouves-tu toute cette énergie ?

Au début je mixais dans des bars, avec des potes. Le fait d’avoir créé cette asso, ça nous fait un tremplin pour le mixage, car il y a une image derrière. Ça nous permet aussi d’avoir des dates pour mixer, car je parle de moi, mais aussi de tous les autres membres de l’asso. Plus on fait de dates, plus les gens nous proposent des dates pour mixer. A coté on peut aussi démarcher des bars, des clubs, mais le réseau est très important dans ce milieu.
La musique est devenue une véritable passion depuis le lycée, donc ça reste un plaisir pour moi, il n’y a pas besoin d’énergie spécifique. Ça me plait et ça m’amuse.
Je souhaite travailler dans l’événementiel musical donc ça me correspond aussi.
Après, pour la composition, je n’ai pas forcément le temps. Les EP je les fais sur des courtes périodes. Là ça fait longtemps que je n’en ai pas fait, mais à un autre moment je serai productif car j’aurai du temps et que je m’y mettrai à fond. C’est vraiment une question de temps.
Et puis il faut aussi de l’argent pour s’acheter les machines et faire quelque chose de concret. Pour l’instant j’expérimente un peu, mais ce n’est pas un objectif dans la vie.

 

À la base tu étais producteur, puis tu t’es mis à mixer, qu’est ce qui t’y a poussé ? Pourquoi ne pas vouloir faire des live plutôt que des dj sets ?

Au début je produisais, mais le mix était une nouveauté pour moi car il me permettait de partager la musique avec les autres. Le live prend trop de temps, c’est compliqué, et il faut des machines, donc il faut investir, sans être sûre du résultat. Pour moi c’est trop risqué de dépenser de l’argent sans être sûre d’un bon résultat. J’ai préféré mixer, et voir petit à petit où ça me mènerait.

 

Comment prépares-tu tes sets ?

Je cherche tout le temps des musiques, je télécharge tous les mois une vingtaine ou une trentaine de sons. Mes sets je les prépare souvent avec les sons que je viens de télécharger. Je vais aussi reprendre des musiques que j’affectionne particulièrement.
Les sets dépendent aussi de l’ambiance que l’on veut donner ; l’heure, le lieu, mais aussi la clientèle et son humeur. Par exemple, en ce moment, j’écoute plus un style de techno qu’un autre et donc je jouerai plus ce style là.

 

Tu es le fondateur de l’Organisme Texture, et tu y es résident depuis. Est-ce que tu pourrais nous expliquer de quoi il s’agit exactement ?

H. MESS : interviewTexture est né d’une volonté de proposer quelque chose de nouveau sur Rennes. Je fais beaucoup de club à Rennes et je voulais proposer quelque chose de novateur : donner une autre ambiance et un esprit de convivialité. On a décidé de créer cette association avec trois potes.
Le concept c’est d’organiser des soirées dans des lieux insolites, donc pas dans les clubs. On voulait aussi que les gens viennent pour l’ambiance, et pas seulement pour le son. On met vachement en avant le côté artistique, en faisant appel à des peintres par exemple, pour agrémenter la soirée. On aime réellement créer cette ambiance conviviale, où les gens peuvent se rencontrer, se parler, et divaguer.
Pour l’instant, ça se passe à Rennes, et à proximité, mais on fait aussi des soirées Texture Crew dans d’autres villes comme Nantes ou Tours.

 

H. MESS : interview
© La Clic

 

Est-ce que vous avez des projets pour la suite au sein de l’organisme ?

Des projets, on en a plusieurs. L’un serait d’avoir un lieu sédentaire, comme un hangar, et de faire des soirées dedans. C’est un projet au long terme.
On aimerait aussi plus tard faire un festival sur plusieurs jours, mais aussi développer des petits projets en journée, en partenariat avec des galeries d’art et des écoles d’architecture, pour faire des petits événements plus artistiques. En fait, on aimerait avoir plusieurs formats différents pour s’exprimer dans plusieurs domaines artistiques.
On essaie toujours d’avoir des trucs innovant. Par exemple on avait créé un snapchat pour la quatrième Texture ; les gens nous envoyaient des photos, et à la fin on a fait un album de tous les screenshots qu’on a publié sur Facebook. Ça permet d’être proche de son public.
On aime aussi le concept des retransmissions vidéo ; prendre l’ensemble de la soirée en vidéo.
De toute façon, la vidéo on essaie de l’exposer au maximum dans les événements. On pense aussi à périscope pour les transmissions en streaming. C’est intéressant et ça donne toujours un contenu en plus.

 

Je te connais très pointilleux avec la musique de manière générale. Qu’est-ce que doit représenter pour toi la musique aujourd’hui ?

La musique est comme toujours un moyen de s’exprimer. Avec la techno ce qui est bien c’est que ça se démocratise de plus en plus. Après une période de musique de merde entre les années 2000 et aujourd’hui, on revient à l’essentiel avec des sonorités plus basiques, des artistes plus francs. Les artistes réutilisent les vieilles machines pour retrouver ce son des années 90. Les gens se reconnaissent donc dans cette musique.
Contrairement à ce que certains disent ou pensent, il y a beaucoup de subtilité dans les musiques électroniques. Les artistes travaillent beaucoup leur musique, et ça vaut le travail que l’on peut trouver dans la musique classique.

 

Qu’est ce que tu penses de la nouvelle scène techno ?

Avec l’ère du numérique, tout le monde peut faire du son dans sa chambre, donc il y énormément d’artistes techno qui sont très bons.
Pour la France, il y a pour moi un très bon producteur, qui est Traumer (Roman Poncet, Marion Poncet, Adventice…). Il a plein de projets différents, avec pleins de sonorités différentes, donc c’est pour moi un des meilleurs français en ce moment.
Il y en a vraiment énormément. A Londres par exemple, il y a beaucoup de dj très bons aussi, mais aussi à Berlin, avec Blue Hour par exemple. Il est pas hyper connu, mais en ce moment c’est un des styles de techno que j’aime vraiment ; c’est à la fois violent et phasant. C’est le combiné des deux que j’aime.

 

Peux-tu nous donner un son qui t’a particulièrement marqué ?

Il y a Jesper Dahlbäck, Cvan. Ça fait trois/quatre ans que je l’ai découvert, et c’est un des seuls dont je ne me lasse vraiment pas.
A chaque fois, je me dis qu’il y a vraiment un truc, et pourtant ce mec ne fait pas que de la techno, et ne sort pas souvent  de sons.

 

Dernière question : des projets à venir pour H. Mess ?

Personnellement je suis en troisième année de bachelor événementiel, donc à court terme mon projet c’est de trouver un stage dans un organisme, qui organise des évènements électroniques.
Après c’est aussi de développer vraiment Texture. Et puis j’aimerai travailler dans ce milieu, donc soit ouvrir une boite d’électro, ou ouvrir une entreprise comme ça.
En tant que producteur, je n’ai pas encore d’objectifs précis, donc je continue juste sur ma voie. Je préfère organiser. Si je peux mixer, produire, au sein de mon association et en vivre ça serait le plus beau. Mes projets pour l’instant c’est vraiment de continuer les soirées Texture.

 

H. MESS : interview
© La Clic