Honey Hahs : Interview

15, 12, 10. Ce sont les âges respectifs de Rowan, Robin et Sylvie, les trois soeurs derrière Honey Hahs.
Signé depuis quelques mois chez Rough Trade, le groupe a sorti en Août dernier un premier single ‘OK‘, avec l’excellent Bear Fear en face B.

 

Honey Hahs : Interview
Honey Hahs. De gauche à droite : Robin, Rowan, Sylvie.

 

Depuis, pour le jeune trio anglais, après l’école c’est direction les salles de concert – notamment les bars du Sud de Londres, où elles se produisent régulièrement et font sensation.

Après un passage remarqué au Inrocks Festival, le groupe sortait en Décembre un nouveau single ‘Forever‘, accompagné d’un clip tourné dans les rues de Paris. Le morceau, comme les autres, nous fait regarder le monde à travers leurs yeux.
Les chansons, de OK à Stop Him, sont toutes remarquablement matures dans la composition, tout comme les textes, dénotant une certaine précocité. Des textes intimes, si l’on prête l’oreille, qui partagent leurs idées sur notre société et le monde qu’elles perçoivent, aussi influencés par les personnes qui les entourent – à commencer par leur famille.

 

Comment vous est venue l’idée de monter un groupe ?

Honey Hahs : Rowan faisait déjà de la musique ; elle s’est mise à composer quand elle avait 10 ans. Elle écrivait des chansons. Elle a commencé à jouer avec pas grand chose, puis une de ses amies est venue l’aider.
C’est après qu’on a décidé de monter un groupe ensemble.

 

Quand avez-vous commencé à faire de la musique ?

HH : On a commencé très jeune la musique – on jouait du violon. Mais on a arrêté car on n’aimait pas ça, c’était assez ennuyeux.
Maintenant, Rowan chante, joue de la guitare et du piano. Robin chante, joue de la basse et de la trompette.
Et Sylvie joue du piano et de la batterie.
En live on est aussi accompagné par Lottie, une amie de Rowan, qui joue de la trompette. Robin ne peut utiliser la trompette en live parce qu’elle joue déjà de la basse.

 

Comment se passe la composition, généralement ?

HH : On se met juste à inventer des trucs. On écrit sur des choses qui nous inspirent.
Forever, par exemple, est une chanson sur notre père qui pensait que la fin du monde était proche, et se retrouvait à acheter d’énormes sacs de riz pour que l’on puisse survivre. Nous avons trouvé ça inspirant alors nous avons écrit dessus.
Nous parlons souvent des membres de notre famille dans nos chansons.
Nous sommes aussi inspirées par les films, les livres… L’un de nos nouveaux morceaux, River, est inspiré du film Bridge to Terabithia (Ndlr : Le secret de Terabithia), qui parle d’une terre magique située de l’autre côté d’une rivière.

 

L’un de vos morceaux, Stop Him, parle de Donald Trump. Pourquoi avoir choisi de parler de lui ?

HH : Au moment où Trump a été élu, on avait la sensation que quelque chose de mauvais était en train de se passer dans le monde. On voulait en parler, et c’est comme ça qu’il s’est retrouvé dans nos textes. On ne trouvait pas ça juste, et on était vraiment énervé. On ne voulait pas que ça arrive.

 

Honey Hahs : Interview

 

Pour revenir sur Forever. Vous avez sorti le clip du morceau récemment, qui a été tourné a Paris. Qu’est ce que vous pouvez dire dessus ?

HH : Rough Trade nous avait demandé de sortir un clip rapidement, et nous étions à Paris pour jouer aux Inrocks Festival.
Nous avions déjà joué en dehors de Londres, pour des festivals, mais là c’était là première fois que nous jouions en dehors de l’Angleterre. Le concert s’est plutôt bien passé.
La journée nous avions du temps libre, plus qu’à Londres, où nous avons toutes nos activités. Alors nous avons décidé de faire le clip à Paris. Nous étions avec deux amies, dont Lottie, qui est une très bonne amie de Rowan et jouait de la trompette avec nous pour le concert.

 

Vous avez réalisé vous mêmes vos deux clips. Vous avez envie de continuer comme ça ?

HH : On aimerait bien essayer d’en faire un plus professionnel la prochaine fois.
On a beaucoup aimé faire nos clips, c’était vraiment drôle, mais on aimerait bien évoluer un peu. Est-ce que tu les as aimés ?

 

Oui, beaucoup. Surtout celui de Beer Fear.

HH : Nous avons tourné celui-ci à Bristol, quand nous étions chez notre grand-mère. Elle est d’ailleurs dans le clip.
Nous avions pas mal de temps libre à ce moment-là alors on a décidé de faire un clip.

 

Votre petite soeur Freida apparaît dans le clip. Il est prévu qu’elle fasse aussi partie du groupe ?

HH : Elle nous a dit qu’elle nous rejoindrait quand elle atteindrait ses 10 ans, et qu’elle jouerait du synthétiseur. Elle n’a que 5 ans, mais elle sait déjà très bien jouer du piano. Elle a d’ailleurs écrit et composé une chanson secrète pour notre premier album, qui est très bonne ! Elle y joue du piano, de la batterie, et chante aussi.
Elle s’appelle comment, Peaches ?

Frieda : The Elastic Band.

 

Honey Hahs : Interview
Concert d’Honey Hahs à La Gaîté Lyrique, Inrocks Festival – © Rémy Grandroques

 

Vous allez sortir ce premier album chez Rough Trade. Comment avez-vous rencontré le label ?

HH : On faisait un concert, et les gens du label étaient présents, pour voir l’autre groupe jouer. Mais ils sont restés pour nous regarder, car quelqu’un leurs avait parlé de nous. Ca s’est fait assez rapidement ensuite.
Ils connaissaient notre mère, qui jouait dans le groupe Tiger plus jeune, et ils étaient signés chez eux. Ca a un peu aidé.
On sortira notre premier album chez eux au printemps ! La plupart des morceaux seront anciens, mais il y aura aussi quelques nouvelles chansons.

 

Quelles sont vos influences musicales ?

HH : On aime beaucoup Amy Winehouse, car elle utilise beaucoup la trompette. C’est comme ça que nous avons décidé d’ajouter la trompette à nos morceaux. Nous aimons aussi Joni Mitchell.
Pour ce qui est des harmonies, nous somme influencées par Lennon and Maisie (Ndlr : Lennon et Maisy Stella), deux soeurs musiciennes. Nous les avons trouvées un jour sur Youtube et nous aimions beaucoup leurs harmonies, nous recherchions un peu la même chose pour notre groupe.
The Children of Sunshine nous influence aussi beaucoup. Ce sont deux amies qui écrivent leurs propres chansons. Elles ont dix ans. Nous les avons découvertes il y a deux ans ; nous avions un CD d’elles que nous écoutions beaucoup l’été quand nous allions chez nos grands parents dans le Sud de la France. Elles sont vraiment très douées, et très inspirantes.

 

Vous sentez-vous influencées par la scène musicale anglaise, particulièrement du Sud de Londres, d’où vous venez ?

HH : Pas vraiment. On est trop jeune pour sortir le soir, donc on n’a pas le droit de les voir jouer (rires).