Scène musicale anglaise : Tour d’horizon

Sous l’influence d’une poignée de jeunes groupes, la scène musicale anglaise vit une période très excitante.
Longtemps bastion du rock, elle tend aujourd’hui à se diversifier, empruntant de nouveaux chemins.
Je me souviens d’avoir un jour parlé de folk anglais à un disquaire. Il s’était un peu moqué de moi, affirmant que la scène folk anglaise était très mauvaise. Que dire alors de l’excellente Flo Morrissey, ou l’étonnante Marika Hackman, dont nous vous avions déjà parlé ?
L’une, seulement âgée de 21 ans et comparée à tord à Lana Del Rey, est influencée par Bob Dylan ou Devendra Benhart. L’autre âgée d’à peine 24 ans, cite Nico ou Laura Veirs (bon ok, c’est vrai, ce ne sont que des américains).

Cette dernière a justement récemment sorti un titre avec Sundara Karma, l’une des talentueuses jeunes pousses de la scène anglaise.
Le morceau s’appelle Prisons To Purify. Marika nous y épate une nouvelle fois, s’appropriant un style d’un registre qui ne lui est pas du tout familier. Sa présence est discrète ; on peine un peu à reconnaître sa voix, filtrée et mêlée à celle d’Oscar Lulu, chanteur du groupe.
Ce qu’ils ont en commun ? Des textes à la fois darks et poétiques.

 

Scène musicale anglaise : Tour d'horizon

 

Sundara Karma vient de Reading. Il y a Oscar Lulu au chant et à la guitare, Ally Baty à la guitare, Dom Cordell à la basse, et Haydn Evans à la batterie.
Le groupe, à la formation rock classique, se situe entre U2, Arcade Fire et disent de leurs morceaux qu’ils sont « plus rafraichissants que le soleil ». Rien que ça !
Après deux EP, nommés respectivement ‘EP 1‘ et ‘EP 2‘ et dont le dernier était sorti en novembre dernier, ils reviennent aujourd’hui avec un nouveau single, A Young Understanding.

Outre Wolf Alice, révélé depuis 2013, la scène rock compte The Big Moon, quatuor rigolo de Londres.
Il y a Juliette au chant et à la guitare, Sophie à la guitare, Celia à la basse, et Fern, à la fois batteuse et claviériste.
Comme tant d’autres, le groupe s’est formé à la suite de concerts inspirants et de probables Post-Concert Depression (de sérieuses études ont été menés sur ce phénomène !).
La formation du groupe est surtout l’initiative de leur leadeuse, Juliette, qui dit avoir eu de véritables révélations. Son obsession quant à monter un groupe vient après être allée à un concert des Palma Violets (tiens ça nous rappelle quelque chose). Elle disait pour NME : « Comme eux, je voulais être dans un groupe, dans un gang ».
Mais c’est surtout après avoir vu Fat White Family, qu’elle se met à écrire seule des chansons. Pour les Inrocks, elle disait : « Je défie quiconque de ne pas vouloir créer son propre groupe après les avoir vus sur scène ».
Elle finira par rencontrer les autres membres dans un bar, par des amis.

 

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© Laura Allard-Fleischl

 

100% DIY, elles sortent en 2016 leur premier EP ‘The Road’, avec quatre titres rock.
Leurs morceaux, guidés par des riffs de guitares puissants,  sont souvent calmés par la voix grave et langoureuse de Juliette, qui donne le ton. La voix, tantôt filtrée, rappelle Julian Casablancas, quand l’instrumental nous fait penser à Artic Monkeys ou The Vaccines.
Entêtants par le côté un peu pop que l’on peut aussi y trouver, les morceaux se révèlent finalement de véritables petits bijoux.
Actuellement sur l’écriture de leur premier album, elles ont récemment dévoilé Cupid, premier single qui confirme le chemin emprunté par le groupe depuis ‘The Road’. Le single est disponible en vinyle depuis le 13 mai. Vous y trouverez aussi en face B un autre morceau, Something Beautiful, qui change de registre en accordant plus d’importance aux synthés. Et en effet, c’est très beau.

Dans les girls band londonien, nous vous avions déjà présenté Girl Ray. Leur musique forme un doux mélange de pop et de rock, tirant des influences de groupes anglais tels qu’Electralane.

L’autre figure de la pop est Shura, aka Aleksandra Denton, une russano-britannique qui vient de Manchester.
D’abord membre d’un groupe lancé avec le guitariste Patrick Duncombe, elle crée son projet en solo.
Avec Shura, l’artiste chante ses amours ratés par la douceur de sa voix, rythmée par des beats qui rappellent le hip hop. Elle se dit influencée par les films de science-fiction et l’espace.
Ses titres, aériens (on voit d’ailleurs Shura en tenue de cosmonaute sur l’artwork de 2 Shy) ont déjà tous été largement remixés (de Four Tet à Formation).

 

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Illustration : Louise Zergaeng Pomeroy

 

Après de nombreux singles, Shura prévoit la sortie d’un album, ‘Nothing’s Real’. D’une quinzaine de morceaux, il rassemblera aussi tous ses anciens titres.
Pop-star en devenir ou phénomène médiatique un peu dérisoire ? Seul l’avenir nous le dira.

Dans l’entourage des univers planants, on retrouve aussi The Japanese House sur lequel nous avons beaucoup moins de doutes. L’artiste est signée sur Dirty Hit (le même label que Marika).
Elle est tout aussi secrète que cette dernière, mais sa musique est complètement différente.
The Japanese House c’est une pop assez hybride, surprenante et mélancolique, qu’elle co-produit avec l’un des membres de 1975, George Daniel (groupe encore signé sur Dirty Hit).
On y retrouve les beats de Shura, mais une utilisation de tout un tas d’effets spéciaux qui renforcent beaucoup plus le côté spatial. Sa voix est aussi beaucoup plus grave et filtrée. Elle dit avoir longtemps essayé d’imiter celle de Victoria Legrand (chanteuse de Beach House) quand elle était plus jeune. Et à bien y réfléchir, c’est vrai que l’on peut y retrouver certains aspects, particulièrement dans la présence vocale toujours au premier plan des morceaux.

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© The Japanese House

 

The Japanese House, c’est Amber Bain. Son nom de scène peut paraître assez étonnant. Il résulte d’une expérience personnelle et elle l’explique en disant ne pas vouloir “mettre son nom en avant, ni son genre”.
Révélée il y a un peu plus d’un an avec Still, l’artiste a déjà fait un bon bout de chemin : la sortie d’un EP la même année, ‘Pools To Bathe In‘, et un nouvel EP sortie en début d’année, ‘Clean‘.
En attendant la suite, on vous propose d’aller faire un tour sur son très beau site internet : http://thejapanesehouse.co.uk/

Enfin, la dernière figure pop british dont nous avions envie de vous parler est Oscar.

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Artwork de l’album ‘Cut And Paste’

L’artiste au look un peu déjanté et de son vrai nom Oscar Scheller, vient de Londres et a 24 ans.
Poussé par sa maman, il chante et joue du piano depuis l’enfance, puis commence à écrire des chansons à l’âge de 13 ans.
Il se dit autant influencé par la pop, que le rock garage ou le hip hop. Cela vient de sa formation classique qui l’a ouvert musicalement, mais aussi de l’influence de sa grande soeur, qui à l’époque lui faisait écouter beaucoup de musique de styles différents. Mais ce n’est qu’à partir de 17 ou 18 ans qu’il se met réellement à la guitare.
Après un premier EP sorti en 2015, son premier album Cut And Paste’ est sorti le 13 mai. On y retrouve  Beautiful Words, morceau de l’ancien Ep, les singles Good Things, SometimesBreaking My Phone, et… Un titre en duo avec Marika Hackman (décidément !), Only Friend. Les morceaux, au premier abord joyeux, sont aussi très mélancoliques.
Sa démarche est entièrement DIY. Il a composé l’album dans sa chambre, aidé de garage band.
Les influences éclectiques d’Oscar s’y retrouvent : du morceau pop Be Good au morceau rock Breaking My Phone.