TINALS : Rencontre avec Ty Segall

En Janvier, Ty Segall a sorti son dixième album solo ; un album à son nom, fidèle à son image.

 

TINALS : Rencontre avec Ty Segall
© Annabel Mehran

 

Il s’était présenté à l’édition 2016 du TINALS Festival avec son dernier projet en date : ‘Emotional Mugger‘.
“N’es-tu pas fatigué de construire et créer chaque année de nouveaux projets?” lui avait-il était demandé.
“Oui et non”,  avait-il répondu. Pour lui c’est justement là que la fatigue et l’ennui se font le moins ressentir : “Si je devais faire toujours la même chose, ce serait très ennuyeux”.
La question avait le mérite d’être posée, Ty Segall étant à ce jour l’un des artistes les plus productifs, tenant à son compte près de 10 albums solos et une panoplie d’autres sorties réparties entre diverses collaborations.
‘Emotional Mugger’ était un projet différent, particulier. “Après cette tournée, tout le monde retournera à son travail et ses projets”.
Un projet temporaire donc, né de l’envie de créer quelque chose de nouveau, à un moment où chaque membre du groupe avait envie de faire quelque chose de différent pour “créer plus d’espace” dans sa tête et savoir quoi faire par la suite. “Je leur ai demandé s’ils voulaient jouer, pour faire un break ou penser à ce qu’ils feraient après”.
Ty Segall s’était entouré d’amis de longue date, entre Emmett Kelly du Cairo Band, Cory Hanson de Wand ou encore Mikal Cronin et Dale Crover. Et la plupart avaient déjà collaboré avec l’artiste dans le passé.

 

TINALS : Rencontre avec Ty Segall
Cover de ‘Emotional Mugger’

 

Comment as-tu choisi les gens qui t’ont entouré sur cet album ?

Nous avions établi un contrat : faire quelque chose de brouillon.
Quelque chose de brut et merdique, avec mes amis les plus ridicules, bruts, et brouillons. Mais aussi les plus charmants et adorables. C’est comme ça que j’ai créé ce groupe.

 

Dans ton court métrage qui est sorti avec l’album, très violent, qu’est ce que tu voulais dire ou montrer ?

Je pense que le disque avait en tête cette idée de notre consommation moderne des médias ; les téléphones, l’accès immédiat à bon nombre de contenu…
Le disque est aussi ma vision de quelqu’un qui marche de l’Est de Los Angeles jusqu’à la plage. Dans le film la maison de mon personnage est à l’Est de L.A. et il marche jusqu’à Santa Monica.
Mon personnage ne voit rien d’autre que de la négativité et des choses affreuses, et se meurt petit à petit. Il finit par mourir à la fin. C’est une sorte de représentation de notre relation constante et très instantanée aux médias. Parce que mon personnage n’est jamais très actif, il ne fait jamais beaucoup d’actions. Et je pense que beaucoup de gens sont comme ça.
C’est ma vision de la chose… Au lieu de parler directement aux gens, on est maintenant en permanence sur notre téléphone. C’est ce que je voulais dénoncer.

 

Est-ce que tu as créé toute cette violence pour montrer que quelque chose n’allait pas ou pour attirer l’attention ?

Oui c’était pour faire réagir les gens. Parce qu’il n ‘y a pas de réponse dans ce film, je n’en propose pas, à part de jeter son téléphone dans l’océan. C’est ce que j’ai essayé de faire, mais j’ai encore un nouveau téléphone (rires).

 

Où en est le rock’n roll pour toi aujourd’hui ? Si tu devais l’imaginer dans 10 ans, qu’est-ce qu’il serait devenu ? Est-ce qu’il retournerait vers le passé ou créerait de nouvelles choses ?

C’est intéressant. Je pense qu’il y n’y aura plus vraiment de gros groupes de rocks aujourd’hui. Je pense que ça n’arrivera plus. Ou alors pas longtemps. Je ne sais pas… Une partie de moi sent que le ‘dance, rock, punk’ va revenir à la mode, comme avec Gang of Four, ou des styles de rock, comme le post punk. Mais je sais pas, je ne suis pas sûr pour le rock n’roll… Le truc le plus cool qui soit récemment arrivé c’est le hip hop, c’est très intéressant. Le rock n’roll est devenu un peu limite.
Mais je continue d’en faire car je ne sais rien faire d’autre. J’espère devenir de plus en plus punk. Avec le temps, on arrête de se soucier autant de tout ça, heureusement.

 

Qu’est-ce que tu penses de la scène musicale d’Orange County ?

Je pense qu’il y a beaucoup de bonnes et de mauvaises choses. J’ai toujours beaucoup aimé Audacity, mais ça fait aussi un peu des montagnes russes. J’ai toujours eu cette relation d’amour/haine pour Orange County, parce que je viens de là-bas.
Il y a beaucoup de riches de droite plutôt répressifs, qui veulent (Ty Segall prend une voix rauque et dure) écraser les punk au sol… Mais les punk se relèveront à nouveau ! (rires) C’est toujours comme ça.