Sheitan And The Pussy Magnets : requiem pour une flemme

Les Sheitan (c’est comme ça qu’il faudra les appeler si vous les croisez au détour d’un bar une fois la nuit tombée) c’est ce joyeux gang des 5 parisiens à l’allure de vieilles canailles prêtes à en découdre, avec à sa tête, un tandem composition-écriture formé par Rawad et Alec. L’un boit inévitablement les paroles d’un certain Alex Turner quand l’autre goûte aux galettes des Kinks ; une potion qui a bon goût et qu’on appellera Nothing To Be Said.

 

© Jessica Saval

 

Nectar de cinq agrumes dont le premier, Intro, sonnerait la messe rock d’une cérémonie vampirique à la Kubrick (vous me suivez ?), cet EP se veut cinématographique d’entrée de jeu, laissant place sans plus attendre à Testing Your Guts, flamboyante balade à la grandiloquence assumée façon The Age of the Understatement, avec justesse et un sourire en coin. Orgues sixties et riffs éléctrisants entrent dans la danse alors que ses protagonistes déclarent leur flamme à la flemme, celle de n’avoir rien à déclarer, symptomatique d’une frustration syndrome de la page blanche qu’on soulignera dans le morceau éponyme et non-moins énigmatique Nothing To Be Said.

 

 

En empruntant leur processus de création à celui des Smiths, les histoires que nous racontent le groupe brouillent les pistes de l’absurde, flirtent avec l’obscurité, toujours avec cette pointe d’ironie dans la voix jusque dans la basse.

Avec Nothing to Be Said, les Sheitan reprennent sans aucun doute les codes du rock avec un grand R, mais s’offrent la liberté de ne pas se prononcer davantage que leur sarcasme, comme pour se jouer de nous en ironisant leur sort.

Rien à dire donc, mais ça leur va plutôt bien au teint.