TINALS : Rencontre avec Declan McKenna
Declan McKenna a 17ans.
« Progieux », « talenteux », « brillant », sont des adjectifs qui lui sont souvent consacrés et qui n’étonnent même plus. Car Declan McKenna fait l’unanimité. Et son âge paraît insensé.
Lorsque j’écoutais pour la première fois son EP ‘Stain’, sorti en mars dernier, je ne voyais qu’un jeune homme caché par une mèche de cheveux et agrippé à sa guitare. Les cheveux auraient pu servir d’indice, mais même pas.
Je n’imaginais pas écouter des textes qu’avait écrit un ado de 15ans. Et qui, de surcroît, faisait des constats sur un monde partant à la dérive.
Contrairement aux enfants de son âge, Declan McKenna, alors âgé de 15 ans, s’enfermait dans sa chambre pour composer. Il pensait à la corruption de la Fifa (Brazil) ou l’enfer vécu au quotidien par les transgenres (Paracetamol).
Ce qui frappe, aussi, c’est à quel point ses textes sont le reflet de sujets d’actualité brûlants, souvent sur-médiatisés : Le premier morceau date de 2014 et tourne autour de l’inégalité créé par la coupe du monde. Le deuxième date de 2015 et a été inspiré par l’histoire de Leelah Alcron, qui avait beaucoup secoué le jeune homme.
Quant à son dernier titre, Bethlehem, sorti en juillet, il aborde les conséquences liées aux conflits de religion.
Outre son écriture, ce sont aussi ses compositions qui tremblent de maturité ; alternant entre guitare, microKorg et pédales, Declan McKenna, seul, forme des morceaux puissants. Et sa voix qui déraille (seul facteur trahissant son jeune âge) ou s’emballe, donne le ton.
Quand on lui parle de ses influences, il cite Jeff Buckley, David Bowie, Vampire Weekend, ou encore la pop des années 80 avec les Bee Gees. Autant de noms et styles différents, qui peuvent aussi se percevoir dans sa musique.
“Je viens d’une assez grande famille ; j’ai cinq frères et sœurs, et mes parents ont des goûts musicaux très différents. Donc j’ai toujours écouté des styles de musique très différentes” confiait-il à nos confrères lors du TINALS Festival (Nîmes). Il disait alors : “Ma musique vient de prendre ce que je connais, ce que j’entends… Et essayer de faire quelque chose de nouveau avec, de le développer”.

Les débuts de l’artiste ne passèrent pas inaperçus : en 2015, il gagne d’abord le concours des talents émergents du festival Glastonbury, sort seul en août son single Brazil, puis fait ses premières dates, les premières parties de Foals, et signe chez Columbia et Because Music.
En mars 2016, il sort son premier EP ‘Stains’ dévoilant pour l’occasion le clip de Paracetamol.
Son dernier single, Bethlehem, annonce quand à lui un premier album à venir.
Depuis janvier, Declan McKenna est accompagné d’un groupe sur scène et ne joue plus vraiment en solo.
Comme il le disait à des confrères lors de notre interview, il reste seul à la composition ; les musiciens sont là pour jouer. Il confiait cependant avoir aussi peut-être envie de rejouer seul sur scène dans le futur.
Pour l’heure, il enchaîne tournées et festivals. Et c’est en juillet qu’il passait par le TINALS. L’occasion pour nous de lui poser quelques questions.
Peux-tu revenir sur ton parcours musical ? Quand as-tu commencé à écrire et composer ?
Hmm, j’écris depuis très longtemps. Depuis que j’ai … Je ne sais pas, 12 ans, quelque chose comme ça. J’ai toujours eu envie de composer et jouer de la musique. Mes parents sont tous les deux musiciens, et tous mes frères et sœurs m’ont fait connaître la musique. En quelque sorte, j’y ai toujours été connecté et j’ai été touché par beaucoup de groupes, comme les Strokes ou Vampire Weekend. Ces groupes indés m’ont beaucoup influencé, j’étais impressionné par ça.
Dans tes chansons, tu écris à propos de sujets très sérieux comme pour Brazil ou Paracetamol. Peux-tu expliquer ce choix ?
Hmm, j’imagine que je me suis toujours senti engagé et intéressé sur ce genre de sujets. Ma famille s’est toujours sentie à l’aise avec ce genre de choses, et mes amis en parlaient. Donc ce sont souvent juste des choses auxquelles je pense et j’écris.
Bethlehem est le dernier single que tu as sorti. Qu’est ce que tu peux dire sur cette chanson ? Est-ce qu’elle annonce un nouvel EP ou peut-être un prochain album ?
C’est une chanson que j’ai écrite quand j’avais 15 ans, qui parle des conflits et du rôle de la religion dans les guerres, qui peut conduire à une influence négative. Sans pour autant que tout y soit négatif ; c’était plus sur cette mauvaise influence dont nous parlaient les médias à l’époque où j’écrivais la chanson.
L’album devrait sortir en début d’année prochaine, mais je ne peux pas dire précisément quand. Il me reste encore quelques chansons à écrire avant.
Tu es très jeune, ce qui ne doit pas toujours être facile dans le monde de la musique. Est-ce qu’il t’arrive de devoir forcer pour t’imposer ? De ne pas toujours être pris au sérieux ou d’avoir plus de difficulté à t’imposer ?
Honnêtement, je trouve que tout ce que j’ai été capable de faire est venu beaucoup plus facilement que je ne l’aurais jamais imaginé, parce que je n’ai que 17 ans. J’ai signé dans des grands labels, j’ai été capable de partir en tournée dans le monde, aux Etats-Unis, j’ai joué à Glastonbury … J’ai juste été vraiment chanceux de pouvoir faire toutes ces choses. Je pense que j’ai une volonté assez forte qui me permet de parler des choses que j’ai envie de faire. De manière générale les choses ont été assez calmes (rires).