Ann Clue : interview

“La musique a toujours fait partie de ma vie, mon père est professeur de musique, donc j’ai grandi avec elle. J’écoute beaucoup de styles musicaux et il n’y en a  pas un que je préfère, je pense que chaque genre à sa place dans chaque situation”.
Ann Clue, dj allemande présente sur la scène techno internationale, nous a accordé une interview entre deux avions.

Ann Clue : interview entre deux avions
© Gaetan Tracqui – Ann Clue qui joue au Zig-Zag à Paris.

Pour Ann Clue, la musique c’est “sa vie, sa passion, ce qu’elle aime le plus au monde”. Nous pouvons d’ailleurs l’observer par ses tournées qui semblent ne jamais finir ; en octobre elle était en Argentine, en novembre en Inde et dernièrement au Zig-Zag à Paris.

 

Quel est ton endroit idéal pour écouter de la musique ? Ta musique du moment, ta référence de toujours ?

 
Absolument partout! Dans ma voiture, mon lit, quand je cours, ou que je prends l’avion, quand je fais les magasins, ou que je travaille… Pourvu que j’ai de bons écouteurs.
En ce moment, j’écoute beaucoup Singularity de Stephan Bodzin et Sun Will Rise de Bonobo et Speech Debelle.
J’aime tellement de genres différents que je ne pourrais pas en choisir un en particulier, mais l’un de mes morceaux préférés reste  l’Extrawelt Remix de Minilogue’s Leopard.

 

Quels sont tes endroits préférés pour mixer ? Une anecdote à raconter ?

J’adore jouer lors de festivals l’été, principalement quand le soleil se couche ou se lève !
Mais j’aime tous types de soirées, quand les gens apprécient la musique et s’amusent, quand la scène n’est pas tellement importante.
L’une des mes soirées préférées était à l’Arène de Nîmes. Je ne jouais pas, mais c’était incroyable, la musique, l’ambiance, le vieux théâtre … J’ai la chair de poule rien quand y repensant !!

 

Ann Clue : interview entre deux avions
© Christian Sedo – Ann clue entourée de Deniz Bul à gauche et de Boris Brejcha à droite.

 

FCKNG SERIOUS est un gros projet, vous jouez partout dans le monde, et prenez le temps de répondre aux interviews. D’où vous vient tout cette énergie ?

Ann : L’énergie est toujours là parce que c’est notre passion. Nous adorons ce que nous faisons et nous restons à 150% dans l’idée que nous devons avoir une vraie famille musicale : être entourés de personnes qui nous aiment. Le meilleur de notre vie se passe sur les tournées !

Boris : Et puis d’une certaine manière, c’est notre façon de vivre. Produire de la musique, c’est la partie “Serious”, et jouer c’est plus la partie “Fckng”.  Nous sommes à fond dans notre projet, et ça le rend tellement facile à gérer. Ce que je veux dire, ce que nous avons fait d’un hobby notre travail et c’est ce dont rêve tout le monde.

Deniz : Quand tu fais ce que tu aimes, ça devient plus qu’un “travail”. Tu tires ton énergie des choses en elles-mêmes, et bien-sûr de la musique.

 

Nous leur avons ensuite demandé d’où leur est venue l’idée du nom du label : Fckng Serious.
Ann nous a expliqué que Boris rêvait depuis des années de fonder son label et surtout de le rendre spécial. Ils ont donc eu de nombreuses années pour y réfléchir. Le nom est tiré d’une musique de Boris et de Deniz.
“Nous avons tout de suite senti que c’était le nom parfait pour décrire nos ambitions, c’est un fckng cool name ! “
Puis nous leur avons demandé ce qu’ils pensaient de la scène berlinoise, longtemps considérée comme la meilleure.

Ann : Je n’ai jamais joué à Berlin donc je ne pourrais pas le dire, mais j’aime beaucoup la ville. Mais je dirais que Berlin a perdu de son glamour et de son charme underground, parce que maintenant tout le monde y va. Peut-être que la France et l’Amérique du Sud sortent un peu du lot, parce que leur manière de faire la fête est vraiment cool et folle ! Ils peuvent faire la fête comme si les nuits ne finissaient jamais !

Boris : Cette rumeur existe toujours ? (rires) Ce que je veux dire c’est que j’ai fait beaucoup de dates dans le passé à Berlin, et j’ai d’ailleurs joué dans un club appellé le Kosmonaut, où j’ai passé un très bon moment. Mais si tu compares Berlin aux autres villes du monde il n’y a pour moi vraiment rien de spécial.

Deniz : Je n’ai jamais joué à Berlin mais je pense que je pourrais m’imprégner de l’énergie de la ville.  De très bons producteurs de musique électronique y vivent et j’aime leur musique. Donc oui, je pense que je pourrais y être sensible de cette manière.

 

Boris, j’imagine que tu es fier de ton label, qui marche plutôt bien. Qu’est-ce que tu pourrais nous dire de plus ?

Finalement oui, il marche vraiment bien. Et j’en suis assez impressionné. Nous nous en occupons depuis quoi, six mois ? Et il y a déjà tellement de fans, et tellement de personnes qui se souviennent du nom de notre label. C’est vraiment génial ! Notre premier showcase avec FCKNG SERIOUS était à Sao Paulo en Aout dernier. Le processus de diffusion fonctionne de manière rapide. Nous en sommes très heureux et je suis vraiment content de chacun des artistes du label. Pour le futur, nous avons beaucoup de projets : mon cinquième album est sorti en février, composé de 22 chansons, et on a déjà des plans pour placer FCKNG SERIOUS sur la scène européenne, et sur la scène internationale, on espère, en Australie par exemple.

 

Certaines personnes t’écoutent depuis des années, c’est surprenant de te voir sortir sur le label des morceaux déjà sortis l’an dernier. Tu peux nous en dire plus ?

Pour moi ce n’est pas vraiment surprenant. C’était l’étape suivante dans ma carrière.
J’ai travaillé avec Harthouse pendant 7 ans, toute ma carrière donc, jusqu’à cette année.
Nous avions toujours tout un tas de discussions sur la manière de sortir ma musique, des détails sur les pochettes d’albums et tout ça. Je ne me sentais pas vraiment libre, et à mon aise. Avec mon propre label, je peux faire ce que j’ai envie et c’est super. Etre libre est une des choses les plus importantes dans la vie.

 

Deniz, dis nous, quel effet ça fait de faire partie d’une telle aventure, de faire danser les foules ? 

A chaque fois qu’une soirée a vraiment une bonne ambiance, c’est magique, parce que je n’ai pas à penser à ce que je fais, ça se passe juste.
Interagir avec la foule et sentir son énergie est une de meilleurs choses qui puisse arriver quand je joue mon set. Je n’aime pas ça, j’adore !

 

Pour finir, vous partagez tous ces moments ensembles, j’imagine que ça vous a tous beaucoup rapproché. Avec toutes ces dates, vous arrivez toujours à vous supporter ? 

Ann Clue : interview entre deux avions
© Gaetan Tracqui – Ann Clue

Ann : Bien sûr, je dirais même que plus on joue ensemble et plus on peut compter les uns sur les autres et apprécier de passer du temps ensemble. Personnellement, j’adore être avec les mecs, même si ce n’est pas toujours facile (rires). Ce que je veux dire, c’est que nous sommes tous différents, à bien des égards, mais on a tous cette même idée de notre futur, et c’est ce qui permet de nous garder si proches les uns les autres. Si tu as un rêve, il n’y a rien de mieux que d’avoir des personnes avec qui le partager.

Merci à Ann Clue de nous avoir accordé son temps mais aussi à Boris et Deniz d’y avoir participé.