black midi, grandes promesses

Pour présenter black midi, revenons au cours de l’année 2018, quand les quatre (très) jeunes membres du groupe (Geordie Greep, Matt Kwasniewski-Kelvin, Cameron Picton et Morgan Simpson, tous frôlant la vingtaine) en sont encore à leurs balbutiements.
Entre concerts dans des lieux très confidentiels et les sorties de leurs premiers singles, bmbmbm, rapidement suivit par Speedway, le groupe commence à se faire une solide réputation dans le milieu rock indé anglais. Après plusieurs performances remarquées sur scène, notamment au fameux Windmill de Brixton, ou encore dans les studios de KEXP en Islande, tout le monde découvre leur talent. Le premier a
lbum est attendu avec impatience et une certaine hype s’installe autour du groupe.

 

 

Le 21 juin de l’année dernière sort donc Schlagenheim chez Rough Trade. Avec ce premier essai, black midi signe un petit chef-d’œuvre, entre sonorités punk, noise et math-rock, qui bouscule tout sur son passage, et qui montre tout le talent et la créativité du groupe. Ce qui marque surtout, c’est l’intelligence de black midi, en plus de leur véritable talent. Tous les morceaux mêlent une orchestration remarquable (merci au producteur Dan Carey), et une recherche sonore, qui aspire résolument à se démarquer de cette nouvelle scène rock britannique manquant franchement d’audace. Entre le furieux et punk 953, la rage de Near DT,MI, la magnifique Western, ou encore la folie de bmbmbm et Years Ago, tout est présent pour réussir un album où le seul petit défaut se retrouve dans les performances vocales de Geordie Greep, un tantinet trop théâtrales par moment.
Cet album, déroutant et déjanté, rempli de grooves à la fois bizarres, intenses et cohérents, remplit toutes les promesses entrevues lors de leurs premiers concerts, et constitue un des meilleurs albums de l’année 2019. On y retrouve ce que tout amateur de rock peut chercher : des moments violents et punks, d’autres plus calmes et mélodieux, et une énergie et une hargne qui fait franchement du bien.

 

black midi, grandes promesses
Pochette de l’album Schlagenheim de black midi.

 

Ce qu’il faut dire c’est que les anglais, tous formés à la Brit School à côté de Londres, sont, malgré leur jeune âge, de formidables musiciens. Les deux guitaristes sont impeccables, le bassiste, Cameron Picton, l’est tout autant, et que dire du batteur Morgan Simpson. Le garçon est tout simplement impressionnant. Il réussit à avoir une approche très jazz, tout en ayant très certainement Zach Hill (Death Grips, Hella) comme modèle. 

Nommés à partir d’un style musical consistant à composer de la musique avec des centaines, milliers, voire millions de notes, on retrouve dans cet album une multitude d’influences ; comme par exemple The Fall, Television, Can, un peu de Swans et de Hella, Shellac, ou encore Slint et This Heat. Ce qui prouve l’intelligence du groupe : black midi réussit assez magistralement à prendre ces influences pour créer son propre son, sa propre identité. Quand beaucoup de groupes de nos jours peuvent par moment être un peu trop proches de leurs influences, black midi façonne son son, s’inspire mais ne copie jamais.
C’est dans cette démarche que ce groupe est rafraichissant, et surtout plein de promesses pour l’avenir. Leur dernier single en date, « Sweater », est une longue performance de 11 minutes où lon peut voir le groupe rester dans cette même vibe d’expérimentation et de créativité. Quand beaucoup regrettent les grands artistes du siècle passé, black midi est la preuve qu’on peut encore trouver de la très bonne musique de nos jours.